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Commentaire sur :

La Boetie, Discours de la servitude volontaire, Imprimerie Nationale, 1992

La Boetie était l'ami de Montaigne, qui a écrit les Essais pour servir d'ornement au Discours. Après la mort de La Boetie, Montaigne a toutefois remplacé le Discours par des sonnets de La Boetie qui sont un des monuments de la poésie amoureuse.

Montaigne dit en effet "parce que j'ay trouvé que cet ouvrage a esté depuis [la mort de La Boetie] mis en lumière et à mauvaise fin, par ceux qui cherchent à troubler et changer l'estat de notre police [comprendre : notre organisation politique], sans se soucier s'ils l'amenderont, qu'ils ont meslé à d'autres escris de leur farine, je me suis dédit de le loger icy". En 1588, date des Essais, la guerre civile faisait en effet rage et le Discours avait été exploité à des fins partisanes.

C'est il est vrai un texte surprenant. La Boetie s'étonne d'abord de la "lâcheté", de la "couardise" de la grande masse d'êtres humains qui acceptent de se soumettre à un seul homme, de lui sacrifier biens, santé, enfants (les filles pour la luxure, les garçons pour la guerre), alors qu'ils pourraient renverser le tyran tout simplement en refusant de continuer à lui obéir.

Puis il explique comment les tyrans gardent le pouvoir : ils procurent au peuple des distractions (amusements divers, distributions gratuites) qui font penser aux médias d'aujourd'hui, et s'entourent de quelques personnes qui les soutiennent en échange d'un droit de prédation, et s'entourent elles-mêmes de quelques personnes etc. L'art du tyran réside donc dans l'utilisation des médias et des réseaux de pouvoir, qui enserrent la population de sorte qu'elle ne puisse ni ne veuille se révolter.

Le Discours, utilisé par les protestants pour saper l'autorité d'Henri III, a inspiré les penseurs qui préparèrent la république. Certains passages font penser aux relations de tous les temps entre dirigeants et dirigés, qu'il s'agisse du sommet du pouvoir politique, ou des pouvoirs plus modestes, voire de l'autorité dans l'entreprise : il n'est pas nécessaire de régner sur un grand territoire pour être un tyran. Il est donc d'actualité.