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Adieu au bling-bling

3 février 2009

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Pour lire un peu plus :

- Bling-bling
Le vent de la mode a tourné : le bling-bling est mort [1].

Les riches ne donnent plus le ton. Il ne convient plus de voyager en avion privé, de se prélasser sur un yacht, de se meubler somptueusement, d'occuper de luxueuses résidences, d'employer une nombreuse domesticité, de ne manger que dans de célèbres mangeoires. C'est ringard, c'est ridicule ! Fini les Maserati, les montres Patek Philippe, les suites dans les grands hôtels.

Certes les riches ont toujours de l'argent, mais avec la crise le pouvoir leur a glissé des mains pour passer dans celles des quelques diplômés laborieux qui, en fixant le montant du prêt, ou de la subvention ou de la recapitalisation, décident du sort des entreprises en capilotade.

Supposons que vous soyez président d'une grande entreprise que vous avez menée au fond du gouffre. Le gouvernement ne souhaitant pas nationaliser votre entreprise, ils vous laissent votre place ; mais ils ne vous pardonneraient pas de vous servir de somptueux bonus ni de conserver un train de vie dispendieux et ostentatoire.

La mode est donc désormais celle qu'imposent ces fonctionnaires qui ne gagnent pas la lune, habitent des logements modestes, font eux-mêmes leur ménage et se soucient surtout des études de leurs enfants.

Elle s'impose à tous les riches, et pas seulement à ceux qui ont ruiné leur entreprise ; c'est un ton, c'est un climat, c'est une ambiance. En temps de crise, il ne faut pas avoir trop d'éclat.

*     *

Chers riches, il vous faut donc devenir modestes. Un peu d'austérité ne vous fera d'ailleurs aucun mal : peut-être en effet aviez-vous fait fortune trop vite, peut-être cette mode clinquante n'était-elle que du mauvais goût de nouveau riche. Peut-être allez-vous enfin découvrir cette sobriété dans laquelle réside le chic véritable, qui rayonne sans qu'on le remarque.

Il sera intéressant d'observer la volte-face des bling-bling qui, naguère, vous admiraient au point de vouloir être de vos amis, qui rêvaient même de s'enrichir pour pouvoir passer dans vos rangs. N'ayant pas d'autre boussole que la mode, ils vont pour suivre celle-ci devoir se mettre à la modestie et à la discrétion. Ces balourds vont nous donner là un bien amusant spectacle.
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[1] David Brooks, "Ward Three Morality", The New York Times, 2 février 2009