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Le système d’information d’IBM

24 février 2003

Dans la série des « failure stories », voici après le SI du FBI l’exemple d’IBM. Il est instructif à plusieurs titres :
- la description qu’en donne Louis Gerstner [1], sans complaisance, illustre l’adage « les cordonniers sont les plus mal chaussés ».
- les mesures prises pour améliorer le SI ont porté leurs fruits.

Dirigeant, si ton SI est lamentable, n'en aie pas honte ! tu es loin d'être seul dans ce cas ; des entreprises plus grosses et a priori plus expertes que la tienne en ont fait autant ou pire, comme l'illustre la présente fiche. Il n'est jamais trop tard pour prendre des mesures qui permettront de redresser la situation ; elles ne demandent que de la volonté, du courage, du discernement - et aussi un peu d'argent, mais il sera vite récupéré.

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Arrivant à IBM en 1993, Gestner pensait y trouver le meilleur SI du monde. Il découvrit qu’il n’en était rien. IBM dépensait quatre milliards de dollars par an pour son SI sans pour autant disposer des informations nécessaires pour faire tourner l’entreprise. Les applications de comptabilité, gestion des stocks, production et livraison, développées au cours de l’histoire de l’entreprise, avaient bourgeonné pour s’adapter aux besoins de 24 directions indépendantes. Elles étaient incapables de communiquer entre elles.

IBM avait 155 centres informatiques et 31 réseaux  informatiques éparpillés dans le monde, plusieurs d’entre eux inactifs ou inefficaces. 128 personnes portaient le titre de CIO (« Chief Information Officer », l’analogue américain du DSI français). Chacun d’entre eux gérait chacun sa propre plate-forme technique et finançait le développement de ses propres applications maison. Les normes, les spécifications étaient choisies de façon indépendante et incompatible, comme dans les chemins de fer du XIXème siècle.

Les processus étaient compliqués, redondants et coûteux. Comme IBM avait par exemple 266 applications de tenue des comptes, il était impossible de consolider les données financières. La gestion des ressources humaines était si rigide que pour muter une personne d’une division à l’autre, il fallait formellement la licencier de la première et la faire embaucher par la seconde.

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Pour corriger ces travers, Gerstner a lancé l’une des plus grandes opérations de « business process reengineering » de l’histoire, avec plus de 60 projets couvrant tous les domaines de l’entreprise.

IBM a maintenant un seul CIO ; le nombre de centres informatiques a été réduit à 16, le réseau informatique a été unifié. Les dépenses en SI ont été réduites de moitié et plusieurs milliards de dollars annuels ont été économisés en améliorant les processus.


[1] Louis V. Gerstner, Whos Says Elephants Can’t Dance ?, Harper Business 2002, pp. 63-65