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"Pauvre con"

25 février 2008

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Pour lire un peu plus :

- Évolution de l'opinion

- Essai de numérologie cévenole

Le temps ne fait rien à l'affaire,
Quand on est con, on est con !
Qu'on ait vingt ans, qu'on soit grand-père,
Quand on est con, on est con !
Entre vous, plus de controverses
Cons caducs ou cons débutants,
Petits cons d'la dernière averse
Vieux cons des neiges d'antan.
(
Georges Brassens)

Lors de sa visite au salon de l'agriculture le 23 février le président de la République a dit "casse toi, pauvre con !" à un quidam qui refusait de lui serrer la main. J'ignore si cela améliorera la cote de Nicolas Sarkozy dans les sondages (voir évolution de l'opinion) mais cela nous invite à parcourir le trésor d'expressions qui, associant diverses épithètes (grand, gros, sale etc.) au substantif "con", couvre l'éventail du péjoratif. C'est une des richesses de notre langue orale et ses nuances sont un secret qu'un étranger aura du mal à percer.

En voici un aperçu, sans prétendre épuiser la liste :
- Le vrai con est quelqu'un dont la stupidité ne fait absolument aucun doute ;
- le pauvre con est un pauvre bougre, pas malin, envers lequel on éprouve une commisération quelque peu méprisante ;
- du sale con on doit attendre qu'il joue de sales tours ;
- le mauvais con, plus dangereux, jouera de mauvais tours ;
- le gros con, lourd et poussif, ne comprend rien à rien ;
- le jeune con, s'exagérant la portée de son expérience, commet des impairs ;
- le vieux con, attaché à ses habitudes, est incapable de comprendre une nouveauté ;
- le grand con est un niais qui, du haut de sa prétention, dédaigne la réalité ;
- le petit con, lui aussi prétentieux, est en outre un sournois.

*     *

Notre langue orale abonde en termes péjoratifs : son génie, qui est aussi celui de notre nation, n'est ni paisible ni complaisant.

Ces termes ne s'écrivent jamais et mieux vaut ne pas les prononcer à voix haute, surtout à proximité d'un micro : lorsque Alain Juppé a dit "pétasses" pour désigner les dames qui faisaient partie de son gouvernement, que Patrick Devedjian a qualifié Anne-Marie Comparini de "salope", que Mme de Panafieu a qualifié Delanoë de "tocard", cela ne leur a pas fait honneur.

Tous ces mots appartiennent à la langue intime que l'on se parle à soi-même et qui permet de purger une tension, notamment quand on conduit sa voiture. Je n'écrirai certes pas ici les qualificatifs dont j'affuble, dans cette langue-là, les personnes qui me contrarient : ils sont beaucoup plus grossiers que le "pauvre con" qu'a émis Sarkozy dans un moment de laisser-aller.

Mais un président de la République ne doit pas se laisser aller. Ayant donné le mauvais exemple il ne faudra pas qu'il s'étonne si, dans une manifestation, apparaissent un jour des pancartes où se lira "Casse toi, pauvre con !".