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Témoignage d'une informaticienne

3 juillet 2008

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Pour lire un peu plus :

- Lettre à M. le Président-directeur général

- Témoignage d'un informaticien
-
Témoignage d'un expert
Une informaticienne m'a écrit que la Lettre à M. le PDG "tombe juste et fait mal au bon endroit". Elle m'a aimablement communiqué le témoignage que je reproduis ci-dessous.

*     *

J’ai travaillé 20 ans dans l’industrie et depuis 2 ans en SSII. Je pense que l’état du système d’information est pire que tout ce qui peut exister ailleurs dans nos entreprises pour trois raisons principales :

1)       Les DSI s’intéressent essentiellement à leurs grandes réussites techniques :
- signer un contrat select avec la société de logiciels X, ou
- mettre en place des standards du marché de l’informatique.
    

L’utilisation du SI n’est jamais pilotée de façon globale dans les grandes structures car ce serait trop complexe. Comment cartographier une zone géographique qui change tout le temps ? Un matin, nous avons des montagnes, le lendemain des plaines et une ville ! L’état des SI change tout le temps, mais qui pilote ces changements : les exigences métiers ou les évolutions technologiques ?

On pourrait imaginer un monde où la cartographie précède la réalisation et le changement. Mais c’est paraît-il impossible car trop cher ! En effet, cela suppose des équipes de modélisateurs de processus,  d’urbanistes de qualiticiens qui n’ont de valeur ajoutée ni technique ni métier : ils ne font que regarder et analyser le travail d’autrui, alors on estime qu’ils ne produisent rien.

2)       La dissémination des connaissances technologiques et techniques

Il est devenu beaucoup plus difficile de maîtriser l’informatique d’aujourd’hui, empilage de couches successives.

Je me souviens d’une époque pas si lointaine (1990) où nous étions capables à deux sur un Digital de piloter des applicatifs internationaux, le réseau, les bases de données scientifiques (scientifiques, donc gros volumes), la messagerie, les imprimantes etc. et en outre nous faisions du développement applicatif et installions les PC des utilisateurs…

Ce serait impensable aujourd’hui : nous achetons des composants développés par d’autres et que nous empilons sans les maîtriser. On ne fait plus d’informatique, on joue au Lego, mais sans la notice de montage. Tous ces éléments sont incompatibles et indépendants alors que dans le Lego, au moins, une brique rouge peut toujours s’assembler avec une brique jaune !

Les SI sont composés de ces éléments disparates que les DSI ne maîtrisent pas. Il n’est pas étonnant que le SI ne soit pas maîtrisé ! Ce phénomène est d’autant plus accentué que les SSII qui assurent la maintenance de nos systèmes sont organisées en « towers » (tours) étanches : chaque opérateur a un domaine de compétence spécial et étroit.

3)       Nos dirigeants méconnaissent la criticité de leur SI :

Le SI ne fait pas pas partie du cœur de métier des entreprises. Si c’était le cas, il serait gardé comme un trésor et on ne le confierait pas à des hébergeurs et SSII : celui qui a la meilleure connaissance du SI, c’est celui qui le développe et qui en maîtrise les « règles de gestion », et non celui qui l’utilise.

Donc nos dirigeants acceptent de confier ce trésor à d’autres, de le placer en dehors de leur sphère de décision ! Pourquoi ? Ce n’est qu’une bête question d’argent : l’entreprise ne vend pas de l’informatique mais des voitures, des réfrigérateurs, des placements financiers. Le SI qui permet de fabriquer les produits que l’on vend n’est pas lui-même vendable.

L’informatique est un coût et il est bien connu que pour maximiser le profit soit on augmente le chiffre d’affaires, soit on baisse les coûts. Donc on baisse les coûts en recourant à des SSII !