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La langue anglaise mise à la torture

15 novembre 2007

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Pour lire un peu plus :

- La victoire de Ben Laden

- Sommet de la lâcheté
- Torture et liberté
- La personne du prisonnier est sacrée

- « Lawbreaker in Chief »
- « Mukasey Unsure About Legality of Waterboarding »

Le 9 novembre 2007 Michael B. Mukasey a été nommé attorney general (ministre de la justice) des Etats-Unis.

Lors des auditions qui ont précédé sa nomination les sénateurs lui ont demandé s’il estimait que le waterboarding était une torture.

Le « waterboarding » est une variante du supplice de la baignoire que la Gestapo et la milice française pratiquaient assidûment pendant l’occupation. Il a été utilisé par l’armée française en Algérie : Henri Alleg notamment y a été soumis et il l'a décrit dans La question.

Cela consiste à arroser continûment un linge posé sur le visage de la victime. Celle-ci ne peut plus respirer et a l’impression de se noyer. Si le supplice n’est pas interrompu elle peut mourir soit de noyade, soit d’un arrêt cardiaque : cet « accident » se produisait paraît-il souvent pendant la guerre d’Algérie.

« Je trouve ça personnellement répugnant, a répondu Mukasey, mais je ne peux pas dire si c’est une torture parce que je n’ai pas été briefé sur cette technique et que je ne voudrais pas mettre en difficulté, au plan juridique, les personnels de la CIA qui l'ont utilisée ».

Le congrès a par ailleurs demandé à M. Mukasey si le Président des Etats-Unis devait ou non obéir aux lois fédérales (« federal statutes »). « Cela dépend, a-t-il répondu, du fait que ce qui excède la loi est ou non conforme à l’autorité que possède le président pour la défense du pays [1] ».

Ainsi le président peut ne pas respecter la loi, si c’est pour la défense du pays ; le waterboarding n’est pas une torture, s’il faut éviter une condamnation aux agents de la CIA. Le droit et la morale la plus clairement évidente sont ainsi mis à la torture par le ministre de la justice américain, ainsi que la langue anglaise.

Que l'on se rappelle donc ce que disait George Orwell : « quand l'atmosphère générale est mauvaise, le langage ne saurait rester indemne... sous l'action des dictatures, les langues se dégradent ».

Sources :
- Scott Shane, « Mukasey Unsure About Legality of Waterboarding », The New York Times, 30 octobre 2007 ;
- Jed Rubenfeld, « Lawbreaker in Chief »,  The New York Times, 23 octobre 2007;
- George Orwell, « La politique et la langue anglaise » (1946), in Essais, articles, lettres, Ivrea 2001, vol. IV p. 173.


[1] “That would have to depend on whether what goes outside the statute nonetheless lies within the authority of the president to defend the country”.