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Le Système Statistique Européen, utopie ou défi ambitieux ?

par Yves Franchet

2 mai 2004


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- Résumé et table des matières

VI - Scénarios de sortie de crise pour la statistique européenne

Un plan d’action est en place pour réformer les missions prioritaires et les méthodes de travail d’Eurostat. Il vise en premier lieu à « réduire la voilure » en concentrant Eurostat sur son « core business » et en supprimant une grande partie des travaux précédemment externalisés. On ne voit pas comment cela permettra de fournir les informations statistiques en quantité et qualité croissantes dont a besoin l’intégration européenne. A court terme, ces décisions vont se traduire par une détérioration de la statistique européenne, probablement sans que les utilisateurs ne se mobilisent pour faire valoir leurs besoins.

A long terme plusieurs scénarios sont envisageables. Les deux extrêmes sont les suivants :

* Scénario de crise approfondie : la nouvelle Commission qui entre en fonction fin 2004, décide de ne pas accorder de priorité à la mise en place d’une statistique européenne efficace et de qualité. Les pays membres et les utilisateurs ne veulent pas ou ne sont pas capables de mobiliser la Commission sur ce dossier. Eurostat retrouve une situation semblable à celle du milieu des années 80, sans appui politique, avec des ressources en décroissance et un service aux utilisateurs qui se détériore. Comme dans les années 80, la commission utilise les postes de Direction d’Eurostat pour y placer des candidats mal préparés à la fonction mais qu’on veut remercier pour services rendus (parachutage de Chefs de Cabinets). Le partenariat disparaît du Système Statistique Européen et le mode de fonctionnement se « normalise » : seule la statistique qui s’appuie sur des actes du Conseil continue à se développer, ce qui à 25 pays aboutit à paralyser le développement. Des services politiques de la Commission développent de nouveau leurs propres statistiques, mettant en cause le principe d’indépendance qui doit accompagner la production de la statistique publique et accroissant le manque de coordination et l’incohérence entre les travaux statistiques d’Eurostat et de ces services.

Il faut s’attendre à voir la BCE jouer un rôle accru car elle a besoin de statistiques à court terme de qualité pour assurer ses fonctions.

La statistique communautaire jouant un rôle plus important qu’en 80 pour les décideurs nationaux et communautaire, il est probable que cette crise suscitera après quelques années une réaction des utilisateurs. L’expérience montre malheureusement que ces sorties de crise sont longues à gérer, de même que le rétablissement de modes de fonctionnement efficaces. Un bon exemple est fourni par la statistique britannique. Son indépendance a souffert sous le gouvernement Thatcher, et elle a encore aujourd’hui de problèmes de crédibilité auprès du public alors qu’elle a rejoint le meilleur niveau mondial.

Si ce scénario de crise approfondie se déroule, il faudra se demander si la statistique européenne doit être gérée au sein de la Commission. Le mode de fonctionnement professionnel et serein et la continuité que demande la mise en place d’un SSE indépendant ne sont pas compatibles avec des chocs politiques épisodiques comme ceux qu’a subis Eurostat à deux reprises, au début des années 80 et à partir de 2003.

Un Institut statistique communautaire indépendant devrait alors être crée. Son conseil d’administration serait composé des DG des INS et d’un représentant du Parlement et du Conseil. Il proposerait à la Commission et au Parlement des candidats pour le poste de Président et négocierait avec ces deux institutions un cadre contractuel pluriannuel pour fixer un programme d’activités et de ressources.

* Scénario de sortie de crise rapide : grâce à une action conjointe des Pays Membres et de la BCE, et en étroite relation avec le Parlement européen, la nouvelle Commission attache une importance prioritaire au rétablissement d’une statistique européenne de qualité.

- le partenariat entre Eurostat et les INS devient l’un des modèles acceptés au sein de la Commission : dans beaucoup de secteurs politiques l’activité essentielle consiste à gérer la mise en œuvre et l’évolution des législations existantes, et le partenariat avec les pays membres est un mode fonctionnement adapté.

- les procédures internes de fonctionnement d’Eurostat sont réévaluées et renforcées sans détruire la réforme mise en œuvre à partir du milieu des années 90.

- dans le cadre de son « Activity Based Budgeting » et d’un CDIS rétabli, la Commission engage une discussion politique sur les ressources de la statistique et sur la coordination statistique au sein de la Commission. Le Parlement y est associé

Des scénarios intermédiaires sont possibles, selon les secteurs sur lesquels s’exerce la pression des utilisateurs.

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