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Quelques considérations sur la "crise"

10 octobre 2008

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Pour lire un peu plus :
- TO THE HAPPY FEW
-
De l'Informatique
- e-conomie
-
Prédation et prédateurs
- Lettre à Monsieur le PDG

Je vous propose d’adopter le point de vue suivant sur la crise financière et économique actuelle : c'est un épisode, certes important, du phénomène de l’informatisation.

On dira qu’il est excessif de se focaliser ainsi sur l’informatique : il en est toujours ainsi quand ce que l’on avance diffère de ce que disent les médias et que tout le monde répète. J’ai longuement lutté moi-même contre des faits qui tapaient à ma fenêtre pour se faire reconnaître le statut d’évidence...

Je vous invite donc à un exercice : ne rejetez pas d’emblée cette grille de lecture. Acceptez la à titre d’hypothèse et sans vous engager à y adhérer. Puis faites jouer cette hypothèse dans votre tête : laissez ses implications se déployer, explorez – toujours sans vous engager ! – le schéma qu’elle signale à votre attention, comparez-le enfin au monde réel.

Alors, mais alors seulement, vous pourrez décider s’il convient de la rejeter ou de la classer parmi les modèles qui aident à comprendre le monde, à interpréter ce qui s’y passe.

Quelques repères

Personne ne conteste – je l’ai vérifié en interrogeant des gens très divers – que dans les pays riches :
- le produit emblématique de l'économie, qui était naguère l’automobile, est aujourd’hui l’ordinateur ;
- la part du secteur secondaire dans l’emploi, qui a frôlé 40 % en 1975, est aujourd’hui de l’ordre de 20 % tandis que la part du secteur tertiaire – fortement informatisé – dépasse 75 % ;
- la population active passe plus de 30 % de son temps de travail devant un écran-clavier, et tout indique que cette part dépassera 50 % dans les années 2010.

Peut-on croire que de tels faits puissent n’avoir aucune conséquence ? Peut-on croire qu’il s’agisse, quand on parle de l’informatisation, d’un phénomène technique qui, relevant du pur savoir-faire, ne mérite que la part d’attention que l’on accorde aux questions mesquinement pratiques ?

Si l'on considère l’ensemble de ses dimensions – technique certes, mais aussi philosophique, sociologique, culturelle etc. – et si l’on accepte d’y réfléchir il apparaît que l’informatisation du système productif et, plus profondément, de la société et de la vie quotidienne elles-mêmes, est aujourd’hui un phénomène aussi important que ne le fut, à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles, l’industrialisation (voir De l'Informatique ).

Ceux qui ont au XVIIIe siècle créé l’entreprise mécanisée, industrielle, n’avaient pas d’autre but que de rendre la production plus efficace : c’étaient des ingénieurs, des entrepreneurs. Les débuts de l’industrialisation ont été difficiles : leur savoir-faire s’est édifié par un lent tâtonnement. Pour exploiter des machines coûteuses, fragiles, dont l’utilisation et l’entretien supposaient des compétences spéciales, ils ont rassemblé la main d’œuvre dans des usines (voir Jean-Louis Peaucelle, Adam Smith et la division du travail).

Mais l’industrialisation a eu par la suite des conséquences qui dépassaient largement les intentions de ses promoteurs: elle a fait naître le salariat, la classe ouvrière, la ville moderne, la lutte des classes, des révolutions ; les nations sont entrées en compétition et, pour garantir à leur industrie ses débouchés et approvisionnements, elles se sont lancées dans le colonialisme et l’impérialisme[1] ; la conception et la production des armes s’étant perfectionnées, la stratégie et la tactique ont dû s’adapter et la guerre est elle-même devenue industrielle.

De même, l’informatisation est aujourd’hui grosse d’évolutions, de nouveautés d’une importance comparable à celles qu’a apportées l’industrialisation. Il est impossible de les anticiper dans le détail mais on peut raisonnablement prévoir leur ampleur et même, dans une certaine mesure, leur nature (j’ai tenté de le faire dans e-conomie).

L’informatisation n’est en soi ni bonne, ni mauvaise : comme tout phénomène historique, comme l’industrialisation elle-même, elle est indifférente aux valeurs humaines. Elle se dresse ainsi devant nos orientations, devant nos désirs, avec toute sa puissance. Il ne convient ni de la diaboliser, ni d’en faire l’apologie, mais il importe de la comprendre afin de pouvoir agir de sorte que sa puissance soit mise au service des valeurs auxquelles la société adhère après réflexion.

Aujourd’hui notre manque d’expérience, notre manque de maturité, l’irresponsabilité des dirigeants de l’économie, la cécité des dirigeants politiques, en ont fait un outil sans maître dont les effets peuvent être dévastateurs.

Ayant tout ceci présent à l’esprit, je suis très frappé de voir que personne n’évoque l’informatisation pour expliquer et commenter la crise actuelle, pour préciser le diagnostic et formuler des prescriptions. Tout se passe comme si nous avancions à reculons, les yeux fixés vers un passé dont l’informatique était absente.

Les lacunes de l’informatisation

Beaucoup d’entreprises, et en particulier les banques, se sont informatisées pour accroître leur productivité, leur rentabilité. Mais elles n’ont pas compris qu’il fallait soumettre l’automate à une supervision.

En effet l’ordinateur est sujet à des pannes, les réseaux peuvent se rompre ou s’engorger et tout logiciel, même le mieux testé et vérifié, comporte des défauts[2]. L’automate doit donc être contrôlé par des êtres humains qui sauront pallier ses défaillances et réagir en cas d’incident imprévisible.

Mais on a pratiquement toujours procédé à l’inverse. Dans l’architecture informatique d’une grande entreprise l’accumulation des composants techniques, élaborés par des fournisseurs différents et le plus souvent mal documentés, forme un empilage d’une telle complexité que plus personne ne peut la maîtriser ni moins encore la comprendre.

« Les opérations du back office sont réalisées par un automate que nous ne maîtrisons pas, m’a dit ainsi un informaticien d’une grande banque. Il peut arriver qu’un jour il lance sur le réseau une rafale d’ordres inopportuns : alors l’entreprise pourrait être ruinée en cinq minutes ».

Les banques, étant le lieu où la richesse se dépose, sont par ailleurs les cibles naturelles des pillards. On pourrait croire que la sécurité informatique fait l’objet de soins attentifs : or il n’en est rien.

« J’aurais pu copier toutes leurs bases de données sur le disque dur de mon ordinateur portable, m’a dit un de mes étudiants qui avait fait un stage dans une autre grande banque. Après la fin de mon stage j’ai conservé mes habilitations : je pourrais, si je le voulais, entrer dans leur système et y faire des dégâts » (voir Lettre à Monsieur le Président-Directeur général).

Ainsi, « the Wall Street titans loved swaps and derivatives because they were totally unregulated by humans. That left nobody but the machines in charge » (Richard Dooling, « The Rise of the Machine », The New York Times, 12 octobre 2008.

Certaines personnes, bien sûr, sont conscientes du danger : mais ce sont des techniciens, des ingénieurs, les dirigeants n’écoutent guère ces personnes-là : ils négligent donc la sécurité des accès et la supervision de l’automate. Mais par ailleurs – et c’est là le fait qui a les plus graves conséquences – l’informatisation les a encouragés, voire même contraints, à prendre des risques extrêmes.

Une incitation à la prise de risque

L’art de la finance réside dans la maîtrise de l’arbitrage entre rendement et risque : quand un prêt est risqué on demande un taux d’intérêt élevé, et cela s’applique à tous les types de placement. L’effet de levier (emprunter pour prêter à un taux supérieur à celui de l’emprunt) permet d’accroître encore, et parallèlement, le risque et le rendement.

Or l’informatique a permis de lancer d’un simple clic les opérations les plus compliquées, pour peu qu’elles aient été programmées au préalable, et la simplicité de la manœuvre a masqué la complexité de l’opération. Par ailleurs les réseaux ont permis d’unifier le marché financier mondial. Il a été dès lors possible de diluer le risque en logeant les placements les plus dangereux dans les actifs apparemment les plus sûrs.

Dès lors le risque disparaissait, ou semblait disparaître, car le système financier tout entier en était solidairement garant : la catastrophe, si elle se produisait, serait systémique, la Terre s’arrêterait de tourner. Or la Terre ne peut pas cesser de tourner : donc il n’y avait plus aucun risque !

Ainsi l’énormité du risque est devenue un facteur de sécurité : quand tout se tient, rien ne peut tomber car si quelque chose tombait, tout tomberait – et il est impossible que tout tombe. Cela rappelle irrésistiblement la fameuse phrase d’Hitler : « l’énormité d’un mensonge est un facteur de crédibilité[3] » – jusqu’à la catastrophe finale exclusivement, bien sûr.

Faisons ici une pause. Oui, c’est l’informatique qui a permis la création d’un espace financier mondial où la distance géographique, les frontières, n’existent plus, et où tout acteur peut jouer sur toutes les « places » du monde, sur tous les actifs.

Oui, c’est elle qui a permis de diversifier et complexifier les outils, de mélanger les actifs, de telle sorte que la « toxicité », comme on le dit si bien, à pu contaminer l’ensemble des patrimoines – et de façon telle qu’il est devenu pratiquement impossible d’évaluer la portée de la contamination.

Oui, c’est bien elle encore qui a fait de l’espace financier mondial un bloc solidaire, contaminé dans sa masse même, qui ne peut tomber qu’en bloc ou pas du tout.

Il reste à expliquer, certes, pourquoi les possibilités qu’offre l’informatique ont été utilisées de la sorte : nous y reviendrons lorsque nous examinerons son contexte idéologique et sa doctrine d’emploi. Pour le moment il nous suffit de comprendre que le risque a été supprimé en apparence par son énormité même – et c’est l’apparence qui guide les comportements.

Mais alors s’il n’y avait plus de risque, pourquoi ne pas faire croître indéfiniment le rendement ? Cela devenait même obligatoire : celui qui restait à la traîne voyait fuir ses clients, attirés par d’autres qui, proposant des rendements plus élevés, semblaient plus « efficaces », plus « intelligents », « meilleurs gestionnaires » etc.

Pour encourager cette « innovation financière » les politiques ont annulé les règles institutionnelles et débranché les signaux d’alarme tout comme l’avaient fait les opérateurs de la centrale de Tchernobyl ; les dirigeants des entreprises ont supprimé les services de sécurité, chassé les personnes qui n’avaient pas compris le nouveau jeu et s’inquiétaient. Ce qui s’est passé à Fannie Mae l’illustre parfaitement[4] :
 

Le cas de Fannie Mae

Cette entreprise faisait commerce de créances hypothécaires en garantissant aux acheteurs de ces créances le remboursement du crédit, moyennant une rémunération fondée sur l’évaluation du risque. Les prêts ainsi traités étaient considérés par les autres organismes financiers comme des actifs parfaitement sûrs.

Pour une telle entreprise le danger était de garantir des hypothèques douteuses : elle pouvait être mise en faillite si de nombreux débiteurs faisaient défaut.

Désireux de défendre sa part de marché, Daniel M. Hudd, le CEO, a exigé que Fannie Mae prenne ce risque-là. Un cadre devait soit accepter de violer les règles de sécurité, soit quitter l’entreprise[5]. Le directeur de la sécurité estimait que Fannie Mae devait réclamer des taux plus élevés, il annonça la bulle immobilière : il ne fut pas écouté et finalement Hudd le chassa de l’entreprise.

À la mi-2007 il devint évident que de nombreux débiteurs ne pourraient jamais rembourser leur dette. Fannie Mae vit alors se dresser devant elle une perspective terrifiante : pour honorer les garanties qu’elle avait accordées, elle devrait payer des milliards de dollars… On connaît la suite.
 


Maintenant, ça y est : la catastrophe systémique s’est produite, l’impossible est survenu, la Terre s’est arrêtée de tourner, des immeubles imposants s’effondrent. On découvre, avec horreur, que l’ensemble des actifs financiers a été contaminé tout comme la Camorra a pollué la Campanie en remplissant les carrières, les caves, le moindre trou par des décharges sauvages de déchets empoisonnés : lisez Gomorra, de Roberto Saviano, et vous pourrez vérifier la pertinence de cette analogie. 

Le contexte idéologique

L’informatique a été l’outil de la catastrophe, mais pour que celle-ci se déploie il a fallu que cet outil soit mis au service d’orientations délibérées. Maintenant qu’elles ont porté leurs fruits, ces orientations paraissent stupides ou criminelles – mais lorsqu’elles triomphaient elles étaient arrogantes !

Elles s’appuyaient sur les théories de certains économistes. Friedrich von Hayek (1899-1992) avait fondé son modèle sur la critique de l’intervention de l’État dans l’économie et l’exaltation de la liberté, de l’initiative individuelles. Milton Friedman (1912-2006) avait donné pour but à l’entreprise la « création de valeur pour l’actionnaire ». Michael Polanyi (1891-1976) estimait que les marchés étaient autorégulateurs et qu’il ne convenait donc pas de les soumettre à une réglementation.

Les théories économiques sont toutes valides et utiles mais à condition de rester dans le cadre des hypothèses qui les fondent. Celles qui, émergeant du cercle des spécialistes, apparaissent à l’attention des dirigeants économiques et politiques, connaissent cependant toutes le même sort malheureux : elles sont dogmatisées, affranchies des limites de leurs fondations hypothétiques et érigées en normes absolues.

Ceux des modèles, des théories, qui rencontrent le succès dans les milieux dirigeants sont d’ailleurs non pas ceux qui éclairent le mieux les possibilités et les risques que comporte la situation présente, mais ceux qui offrent à leurs préjugés, et surtout à leurs intérêts immédiats, le renfort d’un argumentaire schématique et péremptoire. Il en est ainsi depuis les débuts de la science économique, le plus bel exemple d’un tel détournement étant la fameuse « main invisible » d’Adam Smith (1723-1790) que l’on interprète délibérément à contresens (voir Prédation et prédateurs, p. 107-111).

Ainsi Smith, Hayek, Friedman, Polanyi ont fourni à leur corps défendant des alibis aux prédateurs. Alors que l’informatisation transformait le système productif et la vie sociale elle-même, l’attention s’en est détournée pour se focaliser sur l’enrichissement des actionnaires, érigé en valeur suprême. Ayant nié le rôle de l’État, animateur des institutions et pourvoyeur d’externalités positives, on a privatisé les réseaux dont il était auparavant responsable (routes, énergie, transport, télécoms, poste).

Mais si le but de ces infrastructures devient de « produire de l’argent », rien ne garantit que les entreprises pourront bénéficier de la qualité, de la régularité du service qui leur est nécessaire. Il est d’une ironie amère que le secteur financier, grand acteur et bénéficiaire des privatisations, vienne aujourd’hui se blottir sous l’aile de l’État pour éviter la faillite.

Les retards de la doctrine d’emploi

Ici s’impose une analogie avec l’art militaire. Lorsque des armes nouvelles sont mises à la disposition des armées celles-ci doivent définir la « doctrine d’emploi » de ces armes. Si l’armée française a été vaincue en 1940 c’est parce que l'Allemagne, animée par les forces suicidaires mais puissantes du ressentiment, avait défini une meilleure doctrine d'emploi.

La doctrine d’emploi de l’aviation a été longue à venir (« L’aviation, disait Foch en 1910, c’est du sport. Pour l’armée c’est zéro »). Au début de la guerre de 14-18, les soldats français en pantalon garance se sont fait massacrer en chargeant les mitrailleuses allemandes à la baïonnette…

Nous ne disposons pas, aujourd’hui, de la doctrine d’emploi de l’informatique et de la séquelle de corollaires que l’on nomme « économie de l’immatériel », « économie cognitive », « économie de la connaissance » etc. La crise financière actuelle, certes grave, révèle cette carence et celle-ci nous menace d’une crise économique plus profonde encore.

*     *

Lorsqu'une innovation fondamentale transforme notre rapport à la nature, la fonction de production des entreprises, voire même la fonction d'utilité des consommateurs, les fondations de l'équilibre économique sont transformées. Or la plupart des modèles économiques postulent que la fonction d'utilité, la fonction de production sont statiques : ils ne permettent pas de se représenter leur dynamique, la façon dont elles évoluent en réponse à un changement du rapport à la nature.

Ainsi la théorie économique s'affole, tout comme la théorie militaire s'est affolée devant les armes que l'industrie lui apportait. La palme du sérieux, de la respectabilité, est allée aux esprits dogmatiques et péremptoires, qui ont le grand avantage de la confiance en soi et de la simplicité. Les analyses qui pourraient éclairer la situation présente, nécessairement complexes et enjambant les frontières des spécialités scientifiques - pour comprendre le phénomène de l'informatisation il faut le considérer sous l'angle technique certes, mais aussi philosophique, sociologique, économique, historique etc. - ne parviennent pas à se faire entendre. Le vrai sérieux se moque du sérieux qui permet de faire carrière...

Le fait que le rapport avec la nature passe par les entreprises qui sont placées, dans la biosphère, à l'interface entre la nature et la société, échappe à ceux qui croient que le but de l'entreprise est de créer du profit tout comme à ceux qui, vitupérant les patrons et le capital, rejettent pêle-mêle et sans discernement les entrepreneurs comme les prédateurs, l'équipement productif comme le rapport social de domination, le marché où l'on fait ses courses avec les marchés boursiers, l'argent enfin, lubrifiant de l'échange, avec l'argent symbole fallacieux de richesse. Ceux des économistes qui, comme Jean-Luc Gréau[6] (La trahison des économistes) s’efforcent de conjurer cette crise sont traités en hérétiques par la corporation.
 


[1] « On a beau faire, dit Napoléon à Caulaincourt en 1812, c’est moi qui ai créé l’industrie en France… le but du système continental est de créer en France et en Allemagne une industrie qui l’affranchisse de celle de l’Angleterre » (Caulaincourt, Mémoires, Plon 1933, vol. 2 p. 215 et 261).

[2] Les logiciels embarqués de la NASA, qui sont parmi les mieux vérifiés, comportent encore un défaut par dizaine de milliers de lignes de code source (Jacques Printz, Architecture logicielle, Dunod 2006, p. 73).

[3] « In der Größe der Lüge [liegt] immer ein gewisser Faktor des Geglaubtwerdens » (Adolf Hitler, Mein Kampf, Franz Eher Verlag, 1933, p. 252).

[4] Charles Duhigg, « Pressured to Take More Risk, Fannie Reached Tipping Point », The New York Times, 4 octobre 2008.

[5] « Mr. Mudd told employees to “get aggressive on risk-taking, or get out of the company.” “Everybody understood that we were now buying loans that we would have previously rejected, and that the models were telling us that we were charging way too little,” said a former senior Fannie executive » (Duhigg, op. cit.).

[6] Dans La trahison des économistes Gréau a critiqué à tort le modèle de Ricardo (avantages comparatifs) et cela a malheureusement permis aux économistes de réfuter l’ensemble de son analyse. Mais ceux-ci commettent une erreur bien plus grave encore quand ils utilisent le modèle de Ricardo sans considérer la dynamique de l’investissement et de l’innovation : de ce point de vue-là, la critique que formule Gréau est parfaitement justifiée.