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La pratique des entreprises
20 septembre 2004

Liens utiles

- Modéliser le système d'information

L’enquête

L’enquête a été réalisée d’avril à juin 2004 par M. Dominique Arquillière auprès de 35 décideurs ou représentants de la MOA. Ils ont répondu à un questionnaire comportant 40 questions. 23 questionnaires ont pu être exploités.

Il ne s’agit pas d’un échantillon représentatif mais d’une collection de monographies. L’enquête n’ambitionne donc pas de donner une image bien proportionnée de la pratique de la modélisation dans les entreprises françaises aujourd’hui. Elle ne fournit qu’un éclairage partiel.

Les questions étaient classées selon les rubriques suivantes :
- L’organisation des structures maîtrises d’ouvrage des SI
- La cartographie des processus métier
- Les référentiels d’entreprise et l’administration des données
- Les méthodologies et outils utilisés
- La modélisation du SI
- L’utilisation du langage UML
- Retour d’expériences
- Les perspectives d’évolution

35 % relèvent de l’administration et des services publics, 17 % de l’assurance, 9 % de la banque, 4 % des télécoms, 4 % de la distribution, 30 % des autres services privés.

26 % des personnes rencontrées étaient des MOAD ou des AMO, 19 % des DSI, 11 % des responsables méthodes, 11 % des MOAS, 11 % des architectes fonctionnels.

Organisation

64 % de ces entreprises ont une seule DSI, 18 % ont plusieurs DSI et une DSI groupe.

76 % ont une MOAD dans chacun des grands métiers de l’entreprise, et 60 % ont une coordination des MOA concernant l’ensemble de l’entreprise. 71 % possèdent une MOAO pour chacune des grandes applications du SI, 65 % ont un comité stratégique des SI.

La MOAD est, dans 48 % des cas, rattachée à la direction utilisatrice, dans 26 % des cas à la coordination des MOA. Cette MOAD est chargée
- dans 81 % des cas du pilotage des travaux confiés à la MOE,
- dans 61 % des cas, de la modélisation des processus métier,
- dans 55 % des cas, de la gestion du SI au quotidien.

La MOA emploie plus de 100 personnes dans 30 % des cas, de 10 à 50 personnes dans 35 % des cas.

La légitimité et les missions de la MOA dans ces entreprises sont en cours d’évolution et le vocabulaire utilisé pour désigner ses fonctions varie d’une entreprise à l’autre.

22 % des entreprises estiment que leur SI est bien adapté aux besoins des métiers, les autres disent qu’il devrait progresser.

Modèles et référentiels

52 % des entreprises disposent d’une cartographie des processus métier. La fonction d’urbanisation est en place dans 35 % des entreprises, un chantier d’urbanisme est en cours dans 52 %.

75 % des entreprises disposent d’un référentiel des personnes, 61 % d’un référentiel de l’organisation, 48 % d’un référentiel du SI, 42 % d’un référentiel des données de référence, 41 % d’un référentiel des emplois-métiers. L’administration des données est rattachée à la DSI dans 48 % des cas, à la MOA dans 30 % des cas.

68 % des entreprises possèdent un département Méthodes ; 70 % utilisent Merise, plus de la moitié utilisent UML. Un quart des entreprises utilisent des normes et méthodes de conception maison.

Outils

On observe un début d’utilisation des méthodes « agiles » RUP et XP dans les développements.

65 % des entreprises utilisent des outils de modélisation : Mega-Process est le plus répandu, puis vient Rational Rose. Les logiciels libres sont souvent utilisés ainsi que les outils bureautiques comme Word et PowerPoint. Un tiers des entreprises utilisent Visio de Microsoft.

Modélisation

74 % des répondants ont accès au référentiel du SI. Ils estiment qu’il doit contenir :
- les données de référence (86 % des réponses)
- le plan d’urbanisme (82 %)
- le modèle de chaque processus (70 %)
- les règles fonctionnelles (65 %)

Les autres éléments cités, mais plus rarement, sont les plans et jeux de tests, les indicateurs de performance, les dispositifs et processus de sécurité.

Dans 60 % des entreprises, les processus métier ne sont pas modélisés dans le référentiel du SI.

Utilisation d’UML

La plupart des répondants connaissent UML et savent qu’il est spécifié par l’OMG. UML est utilisé pour un peu moins de 20 % des projets, et surtout sur des projets recourant aux nouvelles technologies. 30 % des entreprises l’utilisent sur des projets de refonte du SI.

La MOE l’utilise de plus en plus. La MOA commence à s’approprier ce langage. Moins de 10 % des entreprises estiment l’utiliser comme il faut, 26 % pensent ne pas l’utiliser assez. UML est préconisé dans 35 % des entreprises et son utilisation est laissée à l’appréciation des intervenants dans 20 % d’entre elles. L’emploi d’UML est jugé sans objet par 26 % des répondants.

UML est surtout utilisé pour la modélisation des processus métier lors des phases d’analyse et de conception. 25 % des entreprises l’utilisent aussi pour la cartographie du SI. 17 % l’utilisent pour l’expression des besoins, 52 % pour l’analyse fonctionnelle (spécifications générales et détaillées), 22 % pour la définition du cahier des charges.

La MOA utilise les diagrammes de cas d’utilisation et d’activité, largement accompagnés de commentaires ; la MOE utilise surtout le diagramme de classes et les diagrammes de séquences, ainsi que les diagrammes de cas d’utilisation et d’activité.  

L’appropriation du modèle UML par le métier n’est pas considérée comme un enjeu dans 26 % des entreprises. Seules 13 % d’entre elles impliquent le métier dans les phases d’analyse des projets. 52 % estiment que la validation du modèle par la hiérarchie est sans objet : elles préfèrent lui présenter un commentaire du modèle en langage naturel. Des présentations du modèle sont toutefois mises à disposition sur l’Intranet.

Retours d’expérience

On a noté quatre cas d’utilisation avancée d’UML : l’ANPE, le projet Copernic de la DGI, la COFACE et Chronopost.

ANPE, projet Géode

Les diagrammes de cas d’utilisation et de séquences sont utilisés et validés par la MOA. Ils sont utilisés lors des recettes fonctionnelles. Des commentaires textuels sont attachés aux modèles.

L’appropriation des modèles UML par le métier est facilitée par l’Intranet. Le modèle fait l’objet de séances de présentation aux managers opérationnels.

DGI, projet Copernic

Tout les projets Copernic utilisent UML pour spécifier et concevoir les développements.

« UML est utilisé intelligemment. C’est l’état de l’art en termes de communication avec la MOE et les sous-traitants. C’est le prolongement vers les standards et outils de développement d’aujourd’hui.  Mais pour être vraiment utilisé par la MOA, UML doit évoluer. En UML, la vue métier est encore très pauvre. Les diagrammes d’activités nous permettent de modéliser les processus, mais il est difficile de les faire valider par le métier ».

COFACE

La MOA est impliquée dans les phases d’analyse des projets : on lui présente un commentaire textuel du modèle (diagramme de cas d’utilisation, diagramme d’activités).

L’appropriation du modèle par la MOA n’a pas été facile : « Il a fallu convaincre, présenter de manière pragmatique les avantages du formalisme UML. La présence d’anciens informaticiens à la MOA a facilité les choses. Mais certains diagrammes ne passent pas, par exemple le diagramme de séquence ».

Chronopost International

Les chargés de projet MOA ont reçu une formation à UML. Rational Rose est utilisé par la MOA pour spécifier les besoins fonctionnels. Cependant « UML n’est qu’un petit sujet dans les préoccupations quotidiennes de la MOA. L’organisation, le terrain et la stratégie sont nos préoccupations majeures ».

Perspectives

38 % des entreprises envisagent de continuer avec les méthodes actuelles, les autres se préparent à intensifier l’utilisation d’UML (21 %), à l’étudier (17 %), à le généraliser (16 %), à le mettre en œuvre (12 %).

38 % des entreprises estiment qu’il est nécessaire que la MOA ait une culture minimum sur UML mais aujourd’hui, dans 37 % des cas, aucun représentant de la MOA ne sait lire un modèle UML. Dans 15 % des entreprises, le nombre des représentants de la MOA sachant lire un modèle UML va croissant.

On note les opinions suivantes :
- La connaissance d’UML par la MOA facilite la communication avec la MOE (47 %)
- UML est utile à la MOA (42 %)
- L’utilisation d’UML doit progresser à la MOA (33 %)
- UML doit évoluer pour s’adapter à la MOA (33 %)
- L’emploi d’UML est hors sujet pour la MOA (21 %).

UML 2.0 est inconnu de 48 % des personnes interrogées. 30 % en ont entendu parler, 9 % connaissent quelques-unes des évolutions qu’il comporte, 13 % le connaissent bien.

Conclusions de l’enquête

Les entreprises mettent en place, dans leurs divers métiers, des MOAD composées d’architectes fonctionnels et de spécificateurs. Ces MOAD jouent, en s’appuyant sur des experts métier, le rôle d’un traducteur dans les phases amonts d’analyse et de spécification

Les modélisations des processus métier en langage UML sont encore relativement peu nombreuses, mais l’utilisation d’UML progresse.

Certaines entreprises estiment toutefois qu’UML est une affaire de spécialistes et que les MOA métier n’ont pas vocation à s’impliquer sur des aspects jugés trop techniques du développement des systèmes.

Les responsabilités de la maîtrise d’ouvrage dans la modélisation évoluent. Elle est de plus en plus impliquée dans la définition du SI. La coopération entre la MOA et la MOE est nécessaire lors des phases d’expression des besoins, de spécification et de validation du SI.

L’utilisation par la MOA comme par la MOE d’un même langage de modélisation – en l’occurrence UML – facilite une meilleure compréhension mutuelle des contraintes auxquelles sont soumises les deux parties.  

Cela suppose que les personnes de la MOE et de la MOA aient reçu une formation à UML. Cette formation est impérative pour la MOA, qui n’a généralement pas acquis auparavant la rigueur nécessaire à la modélisation.

Les analystes métier s’appuient souvent, pour modéliser les processus métier, sur des solutions de BPM recourant à Mega ou à Aris. Cependant UML apporte lui aussi des solutions simples à la modélisation des processus (diagrammes de cas d’utilisation et d’activité). Les éditeurs d’outils de modélisation UML proposent à la MOA des solutions pour formaliser le métier. Les dernières spécifications de l’OMG (UML 2.0) facilitent l’utilisation d’UML dans les phases amont du développement du SI. Les évolutions futures rapprocheront les langages de formalisation et de modélisation.

Les MOE s’intéressent de plus en plus à UML. L’acquisition de ce langage par la MOA facilite son dialogue avec la MOE. UML permet de partager un même modèle, sur lequel les parties prenantes disposent chacune de vues adaptées à ses priorités et sa forme d’intuition.

L’outillage du formalisme UML est de plus en plus complet : la MOA et la MOE peuvent utiliser un même atelier qui couvrira de façon cohérente toutes les tâches, depuis la mise en forme de l’expression de besoins jusqu’à la génération de code en Java ou en C++. L’état de l’art retient de plus en plus UML pour la définition et l’analyse du SI, ainsi que pour l’élaboration du cahier des charges. 

Il est donc opportun, pour les équipes de maîtrise d’ouvrage, de s’approprier le formalisme d’UML pour assurer la pertinence des modèles, la cohérence des diverses phases de la modélisation et de la réalisation, la clarté du dialogue avec la MOE, l’économie du projet, et enfin l’appropriation des enjeux du SI par l’entreprise.