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Nomenclatures

Les modifications les plus importantes du domaine des observations statistiques sont survenues depuis la Seconde Guerre mondiale, car le développement massif de l'appareil statistique s'est fait durant cette période ; et on comprend que ce développement quantitatif ait été accompagné d'un bouleversement du champ d'observation lui-même. Nous n'avons donc pas fait remonter très loin dans le passé la description de cette évolution, car elle est pour l'essentiel proche de nous.

L'histoire des découpages, par contre, nous conduit à considérer des époques plus anciennes ; en effet, alors même qu'aucune statistique organisée et systématique n'existait, il fallait bien disposer de nomenclatures pour classer les résultats des quelques enquêtes qui étaient réalisées. L'examen de ces nomenclatures permet, mieux peut-être que d'autres approches, de comprendre la façon dont une société se définissait et se regardait elle-même, et aussi de constater les retards avec lesquels les questions nouvelles ont pu être perçues.

Nous pouvons ainsi approfondir et préciser le propos du chapitre précédent. Nous nous limiterons à l'histoire de deux découpages, les seuls qui à notre connaissance aient fait l'objet de recherches approfondies : les activités industrielles[1] et les classes sociales[2].

Le découpage des activités industrielles

On peut définir une activité industrielle ainsi : à partir d'un certain input (matières premières, demi-produits) et en usant d'une certaine technique, elle procure un certain output (produit). Exemple : en partant de planches et de clous, et à l'aide de la technique des coups de marteau, on produit des caisses. Ainsi, une activité est logiquement un triplet (input, technique, output) ; lorsqu'il s'agit de découper l'industrie - c'est-à-dire de limiter, dans la continuité et la complexité de l'activité industrielle concrète, des sous-ensembles peu nombreux, aux contours nets, susceptibles d'être utilisés dans un raisonnement -, on a d'abord le choix de la liste des " activités élémentaires ", les postes les plus fins de la nomenclature. Ces postes sont comme le " grain " d'une photographie : ils déterminent l'ultime degré de détail auquel le raisonnement peut s'appliquer. Leur choix ne peut que résulter de considérations d'utilité et de possibilité, prenant en compte à la fois les difficultés de l'observation (d'autant plus grandes, en général, que le détail est plus fin) et les besoins du raisonnement : ces difficultés et ces besoins varient évidemment selon les époques.

Mais, en outre, les activités élémentaires sont des atomes avec lesquels il est possible de composer, par regroupement, des ensembles plus vastes. Toute nomenclature, nous l'avons vu, peut être présentée comme une suite de partitions du domaine d'étude emboîtées les unes dans les autres. Le nombre des regroupements formellement possibles à partir d'une liste élémentaire donnée est très élevé ; selon les objectif visés, on considérera que tel regroupement " est naturel " ou au contraire qu'il " n'a aucun sens[3] " : mais qu'est-ce qui est naturel, qu'est-ce qui a un sens ? Lorsqu'on lit les textes des anciens statisticiens, on constate qu'ils ont tranché cette question avec beaucoup de simplicité, comme poussés par une évidence qui, en même temps qu'elle éclairait leur choix, les aveuglait sur les raisons des choix de leurs prédécesseurs. Pour réaliser leurs regroupements, ils ont mis en œuvre des critères selon lesquels ils ont apprécié que telle activité était proche ou éloignée d'une autre. Comme l'activité élémentaire se définit par trois termes - inputs, techniques, outputs - on voit immédiatement se dégager trois grand types de critères possibles : on classera les activités selon les inputs, selon les techniques, ou selon les outputs. Dans l'histoire, ces trois critères ont été utilisés : ils ont aussi été parfois combinés - c'est ainsi que procède la nomenclature actuelle. L'examen des critères, et de la façon dont ils ont été mis en œuvre, va nous révéler ce que les statisticiens de l'époque considéraient comme naturel et évident, et nous faire entrer en quelque sorte dans l'intimité de démarches parfois oubliées.

La première nomenclature de l'industrie est due à Tolosan, intendant général du commerce, et date de 1788. Elle sera utilisée jusqu'en 1847 et, notamment, Chaptal s'en servira avec de légères modifications lorsqu'il publiera en 1812 une estimation de l'industrie de la France à partir des statistiques impériales. Cette nomenclature n'est donc pas le produit d'une fantaisie individuelle, mais un instrument de travail qui a longtemps été tenu pour le meilleur possible. Elle donne un découpage de l'industrie éloigné de nos propres représentations : l'industrie est divisée en trois grandes rubriques relatives à l'origine des matières premières employées : " produits minéraux ", " produits végétaux ", " produits animaux[4] ".

L'influence des physiocrates est sensible dans cette classification l'accent est mis davantage sur la nature et sa " fécondité " que sur l'activité humaine qui la fait " fructifier ". La représentation s'opère dans le cadre d'une idéologie des " ressources naturelles ". L'application du critère conduit à des résultats qui peuvent nous paraître étranges : " l'industrie textile ", industrie principale à cette époque, ne peut pas exister dans une telle représentation, puisqu'elle est éclatée entre les produits végétaux (chanvre, lin, coton) et animaux (soie, laine).

La nomenclature de Tolosan sera utilisée notamment pour présenter les résultats du recensement industriel de 1833. Cependant l'examen de ces résultats fait apparaître, malgré la similitude des regroupements utilisés, une profonde différence dans le regard porté sur l'industrie. Il n'apparaît pas que les responsables de ce recensement aient accordé beaucoup d'importance à des totalisations qui ne semblent mentionnées que pour mémoire : ils ne se sont pas souciés d'éviter ou de signaler les doubles comptes dans l'addition des ventes, et les comparaisons avec les recensements antérieurs sont faites sans sérieux. Par contre, ils publient de véritables monographies : les résultats sont fournis pour chaque établissement pris individuellement ; il n'est à aucun moment question de secret[5]. L'industrie est alors conquérante ; la concurrence entre industriels n'est pas très vive, et l'Etat se contente d'impôts indirects. On n'a pas à cacher ses bénéfices, on est au contraire fier d'en faire et de le montrer. Tout le problème est d'utiliser le personnel et le matériel de façon à progresser le plus possible : la nouveauté, l'inconnu, ce sont les performances que permet cette industrie toute nouvelle, qui étend son domaine en écrasant l'artisanat. On s'intéresse bien davantage aux performances qu'aux moyennes : on n'a pas vraiment besoin d'agrégats.

La nomenclature utilisée lors du recensement de 1861 est en rupture complète avec celle de Tolosan. Elle opère des regroupements dits " naturels " (ce terme vient toujours sous la plume de ceux qui ont construit une nomenclature) fondés surtout sur la destination des produits : le critère est donc ici du type output[6]. Ce changement s'explique : la lutte extrêmement vive entre libre-échangistes et protectionnistes a, depuis 1840, amené les industries à se regrouper pour défendre leurs intérêts ; elle a habitué les esprits à raisonner par famille de produits, car c'est en termes de produits que se posent les problèmes de commerce extérieur. Les premiers regroupements patronaux sont nés à cette époque et sur cette base[7].

Le souci d'apprécier les performances subsiste : la publication fournit des renseignements par industrie au niveau de chaque arrondissement. Mais la définition des industries elles-mêmes a changé, en raison de l'évolution des préoccupations de politique économique. L'examen détaillé de la nomenclature nous révèle un monde industriel très différent du nôtre : si la liste des postes agrégés ne nous dépayse pas trop, il n'en est plus de même lorsqu'on examine leur contenu. Ne résistons pas au plaisir d'une brève incursion dans le détail : le poste " Eclairage " : usines à gaz, chandelles, bougies, cierges, ne correspond plus à rien de nos jours. Le poste " Ameublement " : glaces, tapisseries, tapis et moquettes, papiers peints, toiles cirées, chaises, n'a rien de commun - en dehors des chaises avec ce que nous mettons aujourd'hui sous le mot " ameublement " : la production de " meubles meublants " (meubles de salles à manger, chambres à coucher, etc.) relevait alors de l'artisanat. Le poste " Habillement et toilette " ne comprend que des produits que nous classerions aujourd'hui en dehors de l'habillement : sabots, chaussons, chaussures, chapeaux, casquettes, parapluies, gants, peignes et brosses, parfumerie. Les postes " Sciences, lettres et arts " et " Luxe et plaisir " contiennent un assemblage qui nous semble hétéroclite : papeterie, lunetterie et horlogerie pour le premier ; bijouterie, cartes à jouer, etc., pour le second. On voit ici pourquoi l'utilisation des résultats présentés selon les nomenclatures anciennes pose des problèmes de traduction qu'il est impossible de résoudre avec une parfaite rigueur.

Après le recensement de 1861, et jusqu'à 1940, il n'y a plus de statistique industrielle en raison de la méfiance envers l'Etat qui s'est développée chez les industriels et des conceptions libérales qui se sont répandues chez les fonctionnaires. L'information sur l'industrie est obtenue par voie indirecte, grâce à l'exploitation des recensements de population. Une nouvelle nomenclature est mise au point par Lucien March ; elle servira pour la première fois lors de l'exploitation du recensement de population de 1896[8]. L'auteur de la nomenclature décrit clairement sa démarche : on voit apparaître pour la première fois le " critère d'association " (construire les agrégats de telle sorte que l'on trouve classées ensemble des activités fréquemment associées au sein des entreprises). Mais March le résorbe dans le critère technique : selon lui, " c'est l'analogie des procédés industriels qui détermine généralement l'association de plusieurs individus dans un même établissement ". Ainsi, en un siècle, chacun des trois termes du triplet " input - technique - output " aura servi pour définir un critère d'agrégation. En 1896, l'économie française sort d'une longue dépression qui a débuté en 1870 ; elle commence une phase de croissance qui durera jusqu'en 1930[9]. La mise en avant du critère " technique " correspond à la priorité accordée au problème de l'investissement, et particulièrement au choix des équipements.

La nomenclature de March, ou d'autres qui en dérivent, est utilisée jusqu'à la guerre de 1940. On commence en 1942 la mise au point d'une nouvelle nomenclature, et les travaux aboutissent en 1949 à la Nomenclature des activités économiques (N.A.E.) qui sera remplacée en 1973 par une Nomenclature d'activités et de produits (N.A.P.) confectionnée dans le même esprit que la N.A.E.

La N.A.E. est construite à l'aide du critère d'association, sans que celui-ci ne soit d'ailleurs explicite : on ne trouve sa première formulation que bien plus tard, dans un texte de 1962 : " L'identité des groupements d'activités définissant les rubriques d'une nomenclature d'industries avec les groupements d'activités les plus fréquents dans les entreprises ou les établissements industriels peut être posée comme une condition nécessaire à l'élaboration d'une nomenclature d'industrie[10]. "

Le critère d'association fait de la nomenclature un reflet des structures industrielles existantes : il la relie donc clairement à l'histoire. Il conduit à retrouver - mais sous forme subordonnée - les trois critères input, technique, output : lorsqu'une matière première est rare, ou dépend de circuits d'approvisionnement dont la maîtrise est stratégique pour les firmes, les activités comportant l'usage de cette matière première se trouvent associées dans les mêmes entreprises, et l'on trouvera donc un agrégat défini par l'utilisation d'un input : " industrie du caoutchouc " ; lorsqu'une technique nécessite des investissements ou un personnel très spécialisés, les industriels auront tendance à l'utiliser pour fabriquer toute une gamme de produits, et la nomenclature regroupera toutes ces activités sous une rubrique technique : " transformation des matières plastiques "; enfin, lors que le point stratégique se trouve dans la maîtrise du marché d'un produit, les entreprises utiliseront pour fabriquer celui-ci les techniques et les matières les plus variées, et le critère d'association dégagera un agrégat dont l'unité est définie par le produit : " jeux et jouets ". La nomenclature ainsi construite pouvait paraître, à ceux qui raisonnaient volontiers selon un des trois critères à l'exclusion des deux autres, comme une monstruosité : et il est vrai que son mode de construction lui donne un caractère organique complexe. On comprend pourquoi les auteurs de cette nomenclature ne sont parvenus que lentement à une définition claire de leur critère, et ont longtemps travaillé en se fiant à leur " bon sens " et à leur intuition. Mais ce " bon sens " était lui-même guidé par des questions et préoccupations qui étaient et sont d'ailleurs encore " dans l'air ", et qu'ils respiraient sans même s'en rendre compte ; de sorte que leur démarche n'est " naturelle " que par référence à la situation historique. Elle opère, d'une façon instinctive certes mais très intelligente, la synthèse entre une situation de fait et les besoins de la réflexion théorique.

La situation de fait, c'est l'exécution des enquêtes statistiques par les organismes patronaux (comités d'organisation sous l'Occupation, puis syndicats professionnels après guerre). Or les C.O. ont été construits comme des sortes de cartels d'entreprises[11], et ils tendent donc à délimiter leurs champs de compétence selon une application implicite du critère d'association : celui-ci permet en effet de définir, par regroupement des activités élémentaires, des branches d'activités qui découpent les entreprises le moins possible.

Les besoins de la réflexion théorique sont liés à la différence entre " branche " et " secteur " que nous avons évoquée au chapitre précédent. L'analyse des techniques employées dans l'industrie, ainsi que celle de la production et des consommations intermédiaires, s'inscrit naturellement dans le cadre des branches qui découpent les entreprises selon leurs diverses activités. Ce cadre facilitait en outre la concertation avec les organisations patronales ; il a été spontanément utilisé par les organismes de planification. Par contre l'analyse des décisions de financement, d'investissement, de concentration, etc., devait se faire en utilisant les secteurs, qui regroupent des entreprises entières. On peut dire qu'il y avait contradiction entre d'une part les structures de la collecte d'information et certains outils d'analyse économique comme les tableaux de Léontief, définis en termes de branche, et d'autre part une approche visant à identifier les centres de décisions, qui nécessite un découpage par secteur. Or l'usage du critère d'association permet, en minimisant la différence statistique entre branche et secteur, de concilier autant que possible les deux approches.

Ainsi la politique économique d'inspiration keynésienne s'était dotée -par des médiations certes complexes, et sans que les personnes qui intervenaient en aient une conscience très claire - des découpages de l'industrie qui pouvaient lui convenir le mieux. Leur mise au point a été lente, en raison de la difficulté qu'il y avait à percevoir et formuler clairement des principes nouveaux.

S'il s'avérait que, comme certains le prétendent, l'ère de la politique keynésienne est révolue, nous verrions peut-être apparaître un jour un nouveau découpage de l'industrie, produit une fois encore au nom du naturel et du bon sens, mais adapté à la nouvelle politique économique. Il sera intéressant de voir si les statisticiens s'en tiendront au critère d'association, ou reviendront à l'un des trois critères anciens, ou imagineront quelque nouveau critère : mais nous risquons d'attendre longtemps, car les mouvements des nomenclatures sont très lents -comme ceux de l'histoire.

Le découpage des classes sociales

Comme l'a remarqué Ernest Labrousse[12], les hiérarchies sociales se sont toujours fondées sur la naissance, la richesse et la fonction, avec bien sûr des différences dans le jeu de ces trois facteurs. L'Ancien Régime a donné plus de poids à la naissance qui, à de rares exceptions près, déterminait la place de l'individu dans une société cloisonnée en castes héréditaires ; le système bourgeois du XIXe siècle a davantage souligné les différences provenant de la fortune ; enfin, les classifications actuelles donnent la priorité aux différences entre les fonctions, différences que l'on relie à la hiérarchie de la compétence, du savoir attesté par un diplôme ou garanti par une formation. Ainsi, en deux siècles, se sont succédées trois approches différentes de la réalité sociale, dont chacune se réfère à une conception particulière des fondements de l'autorité légitime. Il appartient aux historiens et aux sociologues de montrer comment ces changements dans les critères ont pu cacher la permanence des structures : dès lors que la fortune est héréditaire, la bourgeoisie tend à former une caste à l'instar de la noblesse de l'Ancien Régime - même si les frontières de cette nouvelle caste, définies autrement, fonctionnent autrement. De même, dès lors que l'accès aux compétences qui légitiment l'exercice du pouvoir est rendu plus facile à ceux que la naissance ou la fortune favorisent, les classes que l'on établit selon les degrés du savoir perpétuent les anciens découpages plus qu'elles ne les contredisent.

Considérées sous leur aspect purement formel, les nomenclatures de classes sociales sont donc d'une interprétation délicate ; il semble que, quel que soit le critère dont elles usent explicitement, celui-ci renvoie à plusieurs jeux de significations entremêlées. Cette impression se confirme quand on regarde les diverses fins en vue desquelles ont été construites ces classifications : organiser la formation professionnelle ; délimiter statuts et carrières ; définir des catégories fiscales ; répartir la main d'œuvre pour la production, etc. Sans doute beaucoup de nomenclatures n'ont eu, pour objet explicite, que dé décrire la société : mais pour décrire, il faut bien se placer en un point de vue, se référer d'une façon consciente ou non à une norme, elle-même liée à quelque projet. C'est bien souvent lorsqu'on a prétendu " seulement décrire ", lorsque les normes et les projets sont restés implicites, que ceux-ci ont exercé l'autorité la plus absolue sur la description en fixant et figeant le point de vue d'où elle pouvait se faire.

En outre, dès que l'usage d'une nomenclature des classes sociales devient lui-même un tant soit peu social, les catégories qu'elle découpe deviennent des enjeux dans les luttes autour du statut social ; de telle sorte que des classifications considérées par leurs auteurs comme des tentatives provisoires et révisables se mettent à exister socialement (que l'on pense à la notion de " cadre ", d'origine récente), à définir des enjeux, à délimiter des conflits. Le ciment dont elles sont faites, encore fluide dans les mains de leur constructeur, s'est solidifié très vite : on ne peut plus rien y changer, sans risquer de casser ce à quoi elles tiennent.

Il y a eu bien sûr des nomenclatures de catégories sociales, en France, bien avant que les statisticiens n'entreprennent d'en confectionner. On peut être assuré que sous l'Ancien Régime, société dans laquelle les droits de chacun dépendaient expressément de son origine sociale, les différences de classe devaient être ressenties dans leurs moindres nuances. Tocqueville dit les ridicules auxquels pouvaient conduire le souci de se distinguer et le sens des préséances, notamment au sein des corporations et des institutions urbaines[13]. Saint-Simon montre que ce travers existait aussi dans l'aristocratie.

Mais il y a une différence de nature entre des classifications usuelles, souvent très subtiles mais rarement cohérentes et systématiques, et les classifications à l'aide desquelles le statisticien entend découper l'ensemble du corps social, en. acceptant au besoin que le grain de son découpage soit moins fin. C'est à ces dernières classifications que nous allons nous intéresser.

Lorsqu'on considère dans son ensemble l'évolution des nomenclatures de classes sociales en France, on est frappé par une ressemblance -nullement prévisible - avec l'évolution des nomenclatures d'activités industrielles. La première tentative notable est inspirée par les physiocrates ; la dernière grande réalisation date de l'immédiat après-guerre, et relève d'une démarche qui comporte de frappantes analogies avec celle du critère d'association. Cependant, s'il y a ressemblance au point de départ comme au point d'arrivée, l'itinéraire entre les deux n'est guère comparable : alors qu'il nous a été possible de relier l'évolution des nomenclatures d'activité à celle de l'économie, nous n'avons pas trouvé, en ce qui concerne les classes sociales, de principe d'explication aussi clair et aussi unificateur.

La première nomenclature des classes sociales est due au physiocrate N. Baudeau et date de 1767[14]. En dehors de la classe dirigeante (administrative, noble ou propriétaire, qui émane du souverain), il définit une " classe productive " et une " classe stérile " conformément aux idées des physiocrates.

L'accent principal est donc mis, ici encore, sur la fécondité de la nature considérée comme seule productive. On notera l'ordre des rubriques au sein de la "classe stérile " : on va de la production des produits de base à leur commercialisation en passant par toutes les étapes intermédiaires.

Plusieurs autres nomenclatures sont produites par la suite ; A. Desrosières cite celles de Moheau (1778), Lavoisier (1791), Moreau de Jonnès (1831). Elles sont parfois difficiles à interpréter, et par exemple la " nomenclature " de Moheau contient une liste hétéroclite de classes et de critères qui se chevauchent[15] : texte vraiment étrange, qui ne mérite certainement pas le nom de nomenclature. Ces confusions, ce désordre se comprennent : comme l'ordre ancien des classes se dissout, il faut attendre que l'ordre nouveau soit bien installé pour que l'on puisse repérer et nommer les classes qu'il comporte.

Les recensements de 1851 à 1891 ont une visée sociologique, à laquelle se mêlent des préoccupations économiques : on cherche autant ou même davantage à caractériser la branche d'activité dans laquelle travaille un individu que la situation sociale de celui-ci. La tâche est J'ailleurs difficile : l'économie comporte alors en France - comme dans beaucoup de pays pauvres aujourd'hui - un secteur industriel naissant, voisinant avec de très petites unités artisanales. Il n'est pas possible de plaquer sur ce mélange un système conceptuel unique'.

La présentation des résultats des recensements se fait donc dans des tableaux construits selon un procédé qui paraît aujourd'hui bien compliqué[16], et qui combine des classifications diverses.

A partir du recensement de 1906, l'exploitation tend à devenir de plus en plus clairement une répartition des personnes par branche d'activité, elle-même croisée avec le sexe et avec cette grille " sociale " très simple :
- personnel des établissements : chefs, employés, ouvriers
- employés et ouvriers sans emploi
- isolés.

Ainsi, alors que la structure sociale subit de profondes modifications au XIXème siècle et au début du XXème, on ne trouve pas, dans les travaux des statisticiens, trace d'un effort de réflexion approfondi sur ce thème, qui apparaît comme secondaire par rapport à la connaissance de la répartition de la population par branche d'activité. Il n'est nullement contradictoire que ce désintérêt relatif voisine avec une grande curiosité envers les conditions de vie et de reproduction des " classes laborieuses " : en concentrant les études sur une fraction précise de la société, on l'isole du reste et on s'interdit une approche globale des classes.

A. Desrosières a d'ailleurs remarqué que, sauf exception[17], la sociologie française dans ses débuts n'a pas accordé une grande attention aux différences entre classes, préférant considérer les phénomènes sociaux comme manifestation d'un tout social. Nous ne hasarderons pas d'hypothèses pour expliquer ce fait ; en tout cas, des travaux de sociologie empirique, dans lesquels apparaissent des notions nouvelles comme celle de " cadre ", sont publiées dans la littérature anglo-saxonne entre les deux guerres alors que ce genre reste absent des productions françaises.

Des travaux comme ceux d'A. Daumard, réalisés à l'occasion d'études rétrospectives - et donc bien sûr sujets à des anachronismes volontaires ou involontaires - permettent de repérer des glissements dans le contenu des classes. Les " fonctionnaires " du XIXe Siècle correspondent à ce que nous désignons par " hauts fonctionnaires ", catégories plus restreinte que nos " cadres supérieurs de la fonction publique " puisqu'elle inclut les professeurs de faculté mais non les professeurs des lycées et collèges assimilés à des employés. Les " professions libérales ", caractérisées par un " travail hautement qualifié exigeant des compétences intellectuelles ", incluent alors de nombreux salariés, en particulier au service de l'Etat : la restriction des professions libérales au statut non salarié remonte à la deuxième guerre mondiale. Les divers degrés de la richesse bourgeoise font l'objet d'une classification très fine[18]. Par contre, on ne trouve pas trace dans cet univers des distinctions auxquelles la vie dans les entreprises nous a habitués : s'il est déjà question d'ouvriers et d'employés (le contenu de ces mots étant d'ailleurs différent de celui que nous lui donnons), on ne connaît pas les termes de " technicien ", ni " agent de maîtrise ", ni " cadre ".

Ces dernières notions ont été introduites par les " classifications Parodi " de 1945 qui définissent, branche par branche, les catégories de salariés. Il s'agit de classifications réglementaires, publiées par décret. On peut y voir l'aboutissement des discussions qui, en 1936, avaient accompagné la rédaction des conventions collectives ; mais on peut aussi les considérer comme le point de départ d'une nouvelle perception de la société, car ces catégories - et les critères qui les déterminent -sont très rapidement passées dans le vocabulaire courant ; elles ont défini le langage dans lequel des aspirations se sont exprimées, des luttes se sont déroulées. La catégorie des " cadres ", inexistante en France jusqu'avant la guerre de 1940, surgit littéralement avec ces classifications. Elle est définie, d'une façon remarquablement ambiguë, par référence à la formation reçue et à la fonction exercée. Les cadres sont " les ingénieurs ou anciens élèves d'écoles assimilées à l'enseignement supérieur. Par assimilation, les personnels qui occupent des postes comparables reçoivent aussi la qualification de cadre ". L'illogisme de cette définition (qu'est-ce qu'occuper un poste comparable à un diplôme ou à une formation ?) révèle un malaise : le critère principal que l'on veut utiliser est bien la formation, mais il est évident que, dans les entreprises, des fonctions d'autorité ou d'expertise sont souvent exercées par des personnes formées " sur le tas " et non dans les écoles ; on pratique donc une cote mal taillée. Cette définition du cadre deviendra d'ailleurs encore plus paradoxale lorsque après l'explosion scolaire des années 50 et 60 l'écart entre le diplôme possédé et l'emploi exercé sera devenu fréquent.

Les mêmes classifications contiennent une description plus détaillée des catégories ouvrières : manœuvre ordinaire, manœuvre gros travaux et manœuvre spécialisé, ouvrier spécialisé, ouvrier qualifié, ouvrier hautement qualifié. Là aussi, le critère permettant de distinguer les catégories est celui de la durée de formation nécessaire pour occuper un emploi.

Ainsi, le niveau de la formation (mesuré souvent par la durée ce celle-ci) joue un rôle décisif dans l'organisation des classifications Parodi. Elles se situent à l'intersection de plusieurs préoccupations : organiser la formation et, pour cela, disposer de catégories qui permettent de bien percevoir les besoins de l'économie ; définir les statuts professionnels dans un souci d'efficacité et de justice, c'est-à-dire de telle sorte que chacun soit employé et traité selon ses capacités ; mais aussi - et cela reste implicite - renforcer la légitimité du pouvoir issu de la compétence ou plutôt de la formation et du diplôme : en hiérarchisant les catégories selon ce critère, on tend à lui donner un caractère indiscutable, c'est-à-dire sacré. A cet égard, la nouvelle échelle des catégories n'est ni plus ni moins rationnelle que celle du XIXe siècle ; au XIXe siècle, le sacré est investi dans la propriété et la fortune, là il est investi dans la formation reçue et la qualification que celle-ci est supposée conférer. Notre propos n'est pas d'entrer dans le débat sur le caractère plus ou moins " juste " de ces deux approches.

Le contexte historique et économique de l'après-guerre explique sans doute que l'on ait pu et dû, alors, opérer le bouleversement des normes sociales que les classifications Parodi ont à la fois sanctionné et concrétisé. Les statisticiens participaient à ce mouvement. Ils s'efforcèrent de produire une classification sociale conforme à la fois aux exigences de leur technique et aux normes de cette société en cours d'émergence : ce sera le " code des catégories socio-professionnelles " (C.S.P.), dont la première édition date de 1951[19]. Alain Desrosières a décrit dans le détail ce travail et sa démarche singulièrement complexe -à la fois empirique, intuitive et normative, les normes étant d'ailleurs perçues par l'intuition et mises en œuvre longtemps avant d'être comprises et exprimées. Nous ne suivrons pas les méandres de cette élaboration et présenterons simplement le schéma logique qui en est résulté.

La règle qui sert à composer les catégories est la suivante : " Les personnes appartenant à une même catégorie sont présumées : être susceptibles d'entretenir des relations entre elles, avoir souvent des comportements ou opinions analogues, se considérer elles-mêmes et être considérées par les autres comme appartenant à une même catégorie. " Ainsi - comme pour le critère d'association - la construction de la nomenclature peut être fondée sur l'observation d'une situation de fait. On pourrait imaginer une vaste opération d'enquête, observant les ressemblances et dissemblances entre positions sociales très fines, ainsi que les relations d'appartenance ou d'exclusion ressenties, puis un traitement statistique dégageant automatiquement des classes qui regrouperaient ces positions... mais cette méthode ne correspondait pas aux moyens de l'époque. En fait, une fois sa règle de conduite fixée, l'auteur de la nomenclature des C.S.P. l'utilisa non pour traiter une information recueillie systématiquement, mais pour opérer la synthèse de ses propres connaissances et guider son intuition. Lorsqu'on lui demanda, par exemple, pourquoi il avait classé les contremaîtres avec les ouvriers - et non avec les cadres -, Porte répondit : " Les contremaîtres, ce sont des gens qui ont de gros bras et qui sifflent. "

Par ailleurs, Porte a construit le code des C.S.P. de telle sorte qu'il soit, parmi toutes les classifications professionnelles, " celle qui donne les corrélations les plus fortes avec les caractéristiques les plus diverses des personnes classées[20] ". Cette classification est donc conçue comme une sorte de plaque tournante, de point central à partir duquel on peut observer dans une grande variété de directions. Sans doute on pourrait trouver, pour chaque domaine d'étude, une partition plus appropriée : pour la pratique économique on classerait par tranche de revenus, pour la pratique culturelle par type d'éducation reçue, pour la pratique politique selon l'attitude religieuse, etc. Mais le code des C.S.P. vise à fournir un langage commun qui, sans être le plus performant sans doute dans chaque domaine, permet en tout cas de les aborder tous conjointement.

Fait remarquable : en définissant ces catégories, Porte ne s'est référé à aucun moment aux classifications Parodi dont il ignorait même l'existence. Or il apparaît clairement que le code des C.S.P. est profondément influencé par ces classifications. En fait, les classifications Parodi étaient très rapidement passées, en raison même de leur rôle réglementaire, dans le vocabulaire, dans la vie et dans la tête d'une bonne partie de la population ; et lorsque Porte construisit ses catégories -avec sa démarche organiquement logique et empirique à la fois -, il retrouva dans le réel la marque d'une classification préexistante qu'il ignorait. Ici se referme peut-être un piège : dans quelle mesure l'empirisme même de sa démarche n'a-t-il pas conduit Porte à prendre pour du réel ce qui n'était que du conventionnel, mais généralement accepté ? Mais aussi : qu'aurait-il pu faire d'autre ?

Quant à nous, nous pouvons nous demander si l'usage persistant des classifications Parodi et du code des C.S.P., produits dans et pour une société dont les problèmes étaient très différents des nôtres, ne confère pas une pérennité excessive à des points de vue qui empêchent de voir ou de décrire des obstacles que nous rencontrons. La production d'une classification est reliée à une situation historique et à une problématique données : il est à certains égards dramatique que la perception des choses se fasse si souvent dans des classifications fossiles. Assouplir les découpages, les relativiser, les mettre à jour en fonction des besoins de l'action : ce pourrait être au fond la tâche essentielle du statisticien. Mais il semble bien que notre société, pour des raisons culturelles profondes, répugne à toute restructuration de ses cadres de perception. Ceux-ci ne peuvent en pratique être modifiés que lors des périodes de crise aiguë.

Les quelques années qui ont suivi la dernière guerre furent une de ces périodes. Simultanément, et sans qu'il y ait de coordination explicite entre les initiatives, la nomenclature des activités industrielles, le code des C.S.P., le plan comptable général[21] ont vu le jour ; dans le même temps se dessinaient les cadres de la comptabilité nationale. La conjonction de ces démarches est frappante, et suggère l'existence d'un principe commun qui les anime. Celui-ci doit être cherché, nous semble-t-il, dans le mouvement d'idées dont Keynes fut le représentant le plus connu ; préparé dès les années 30, ce mouvement a accompagné et facilité la croissance économique de l'après-guerre. Il a rompu avec des représentations claires mais schématiques et normatives de l'économie, et leur a substitué une démarche organique plus complexe, non exempte de risques de confusion, dans laquelle une observation ordonnée aux fins de la régulation sociale et économique était nécessaire.

23 novembre 2002


[1] Bernard Guibert, Jean Laganier, Michel Volle : " Essai sur les nomenclatures industrielles ", Economie et Statistique, no 20, février 1971.

[2] Alain Desrosières, " Eléments pour l'histoire des nomenclatures socioprofessionnelles ", Pour une histoire de la statistique, I.N.S.E.E., 1976.

[3] Par exemple, la nomenclature douanière classe ensemble (poste 84-10) les pompes ordinaires, les pompes à essence et les pompes à injection pour moteur Diesel, parce que son objet est de faciliter l'application de taxes différenciées, et qu'il est alors commode d'utiliser des classements faciles à retenir (" toutes les pompes ensemble "). De même, les chars de combat (87-08) sont classés dans la rubrique " véhicules " tout près des voitures d'enfants (87-13). Il est clair que de tels classements ne conviendraient pas à ceux qui veulent étudier l'organisation de la production industrielle, car ils mêlent des produits provenant de filières de production très différentes.

[4] Voici une description plus détaillée :
Produits minéraux : Sel gemme et marin. Faïence, porcelaine, verrerie, glaces. Fer brut. Plomb. Cuivre. Quincaillerie, mercerie. Orfèvrerie, bijouterie.
Produits végétaux : Papeterie. Amidon. Savon. Raffinerie de sucre. Tabac. Chanvres, lin, cordages, filets, rubans de fils.
Produits animaux :Mode en soie. Tapisserie, ameublement. Pelleteries, salaisons. Etoffes de laine. Serge. Camelots. Draps communs. Draps fins. Bonneterie de laine. Chapellerie. Soieries. Bonneterie de soie. Rubans, blondes, gaze, passementerie. (Statistique générale de la France ; " Industrie 1847. ") On ne s'étonnera pas du classement de l'ameublement : ce terme désigne alors la production de tapis, qui étaient en laine.

[5] Pour chaque établissement sont mentionnés : - la nature de l'établissement, c'est-à-dire son activité (on ne dit pas comment elle est déterminée) - la commune où il est situé ; - le nom du fabricant ou manufacturier ; la valeur locative ; - le montant de la patente ; - la valeur des matières premières utilisées annuellement ; - le nombre d'ouvriers (hommes, femmes, enfants) -1 les salaires moyens (hommes, femmes, enfants) ; - les moteurs : moulins (à vent, à eau, à manège), machines à vapeur, chevaux et mulets, bœufs ; - les feux : fourneaux, forges, fours - les machines, dont la curieuse répartition montre la domination du textile métiers, autres, broches. (Statistique générale de la France, " Industrie 1847 ".)

[6] Les postes du niveau le plus agrégé de cette nomenclature sont les suivants 1) industrie textile ; 2) industrie extractive 3) métallurgie 4) objets en métal 5) industrie du cuir ; 6) industrie du bois 7) céramique 8) produits chimiques 9) bâtiment ; 10) éclairage ; 11) ameublement ; 12) habillement et toilette 13) alimentation ; 14) moyens de transport ; 15) sciences, lettres et arts ; 16) luxe et plaisir. Statistique générale de la France, " Industrie, enquête de 1861-1865 ", Paris 1873.

[7] Voir Roger Priouret, Les origines du patronat français.

[8] Statistique générale de la France. " Recensement de 1896. Industrie. "

[9] J. Marczeski, "Le produit physique de l'économie française, Comparaison avec la Grande-Bretagne", Cahiers de l'I.S.E.A., A.F., 4.

[10] J. Prévot, "Réflexions sur les problèmes des nomenclatures statistiques d'industries et de produits", Informations statistiques, n° 1, 2, de 1962

[11] H. W. Ehrmann, La politique du patronat français (1936-1955).

[12] Colloque de Saint-Cloud (1967) sur le thème " Ordres et classes ".

[13] Alexis de Tocqueville, L'Ancien Régime et la Révolution (1856).

[14] A. Desrosières cite une nomenclature de 1695 : mais il ne s'agit que d'une liste de situations sociales - d'ailleurs intéressantes - ordonnée selon les niveaux de revenu présumés, et destinée à servir de base pour l'établissement d'un impôt. La nomenclature de Baudeau est citée par P. Naville (" Population active et théorie de l'emploi ", in Traité de sociologie du travail, tome 1, Armand Colin, 1961).

[15] Hommes mariés ou célibataires, hommes en état ou hors d'état de porter les armes, habitants des villes et des campagnes, laïcs ou ecclésiastiques, notables ou roturiers, gens de guerre, officiers de justice, employés de la finance, commerçants, marchands, fabricants, artisans, cultivateurs propriétaires et manouvriers, maîtres et domestiques, nationaux et étrangers.

[16] En ligne figure une liste de branches d'activités (agriculture, industrie, commerce, transport), parfois éclatées en sous-rubriques distinguant les patrons, les ouvriers, les employés. Puis figurent, toujours en ligne, les professions libérales, les personnes vivant exclusivement de leurs revenus, les individus sans profession. En colonne figurent les rubriques suivantes : individus exerçant réellement les professions ci-dessous ; leur famille ; domestiques attachés au service personnel des précédents.

[17] Alain Desrosières cite, parmi ces exceptions, Maurice Halbwachs (Budgets de familles ouvrières et paysannes en France, 1907), Edmond GobIot (La barrière et le niveau, 1925), et encore Maurice Halbwachs (Analyse des mobiles dominants qui orientent l'activité des individus dans la vie sociale, 1938). Ces deux derniers ouvrages relèvent d'une démarche très intuitive et " littéraire ".

[18] Adeline Daumard, Les bourgeois de Paris au XIXe siècle, Flammarion, 1970.

[19] Les éditions suivantes datent de 1952 et 1954. Ce code joue un rôle essentiel dans les études sociologiques en France.

[20] I.N.S.E.E., Code des C.S.P., 4e édition (1962).

[21] Voir A. Benedetti, " Le plan comptable ", in Matériaux pour une Histoire de la statistique.