RECHERCHE :
Bienvenue sur le site de Michel VOLLE
Powered by picosearch  


Vous êtes libre de copier, distribuer et/ou modifier les documents de ce site, à la seule condition de citer la source.
 GNU Free Documentation License.

Objets communicants

28 janvier 2000

Etude réalisée avec Roland Airiau, CNET

Introduction

L’offre présente des tendances visibles :

- miniaturisation des équipements terminaux : le PC et le radio téléphone deviennent minuscules alors que leurs fonctionnalités s’enrichissent,

- intégration de la téléphonie et de l’informatique, fusionnant leurs fonctionnalités en un même équipement et permettant de nouvelles applications,

- incorporation de ces fonctions dans les objets usuels (lunettes, montres, ceintures, sacoches, vêtements ; équipements ménagers, automobiles, jouets, produits " tracés ", etc.).

- progrès des protocoles et applications traitant la communication entre objets physiques (Jini etc.).

Miniaturisation : " Microdrive " d’IBM

Lancé en juin 1999, le " Microdrive " est un disque dur de 340 Moctets pesant 16 grammes. Il est destiné aux caméras vidéos, appareils de photo et autres équipements portatifs.

Cet exemple montre que les efforts actuels de miniaturisation concernent donc aussi des technologies traditionnelles comme celle du disque dur.

Si l’on en tire les conséquences, on voit se dessiner dans une perspective de l’ordre de dix ans un scénario d’équipement des personnes, appartements, automobiles, entreprises, lieux publics etc. ayant des implications fonctionnelles fortes. La diversification actuelle des usages de la téléphonie mobile (contact permanent, jeux) en est une illustration.

Scénario

Pour imaginer où nous en serons dans dix ans, il est utile de rappeler ce qu’étaient les PC en 1989, tant en termes de performance que de pénétration (voir l'étude sur l'évolution du prix des micro-ordinateurs) :

- le PC banal de 1989 a un processeur Intel 80386 ; sa vitesse d’horloge est de 16 MHz, son disque dur stocke 80 Mo, sa mémoire vive est de 2 Mo ; équipé des logiciels classiques du moment, il coûte 31 kF HT (soit 39 kF HT en prix 1999).

- Le PC banal de 1999 a un processeur Pentium II MMX ; sa vitesse d’horloge est de 400 MHz, son disque dur stocke 5 Go, sa mémoire vive est de 64 Mo, il a des cartes son et vidéo ; équipé des logiciels classiques du moment, il coûte 7 kF hors taxes, soit une baisse de prix de 80 % en 10 ans compte non tenu de l’effet qualité.

Extrapolons " pour voir " en nous appuyant sur la loi de Moore et sans prendre aucune précaution particulière sur le plan méthodologique. Le PC banal de 2009 aurait alors, par simple extrapolation tendancielle, une vitesse d’horloge de 10 GHz, un disque dur de 300 To, une mémoire vive de 2 Go ; il coûterait 1,5 kF aux prix de 1999.

Plaçons nous par l’imagination en 2009. Les composants essentiels de l’informatique communicante existent déjà (processeurs, mémoires, réseaux) ; le changement à cette échéance réside donc moins dans la nouveauté des composants (dont toutefois les performances se seront accrues en raison de la loi de Moore) que dans la transformation des interfaces et protocoles permettant de les commander et les faire communiquer. Cette évolution des interfaces implique un changement des conditions d’utilisation.

En 2009, et en raisonnant toujours par extrapolation tendancielle, le téléphone portable et le PC se sont miniaturisés à tel point qu’ils ne sont pratiquement plus visibles ; par ailleurs, ils ont fusionné et l’utilisateur peut associer leurs fonctions. Les personnes, les objets sont équipés de ressources informatiques et de communication intégrées dans des composants minuscules.

Les thèmes principaux de l’offre portent les noms suivants : " communicateurs personnels ", " containers d’information ", " télédiagnostic des équipements ", etc. De nombreux " téléservices " peuvent les utiliser.

Communicateurs personnels

Ce n’est pas un scénario de science fiction : l’ordinateur " wearable ", c’est-à-dire portable au sens où l’on dit que l’on " porte " des vêtements, d’abord lourd et d’aspect quelque peu monstrueux, est devenu discret et pratique. Le téléphone portable se miniaturise. La fusion du téléphone et du PC est en cours. Les protocoles de communication évoluent vers la connexion permanente à haut débit en mode paquet. Les systèmes d’exploitation évoluent vers les architectures de " multiordinateurs " facilitant la mise en réseau des ressources de mémoire et de puissance.

Le " wearable " aujourd’hui

Les personnes disposent de fonctions informatique et de communication incorporées à leurs vêtements, voire à leur corps ; chaleur et mouvements du corps fournissent l’énergie. L’écran est incorporé aux lunettes. Processeur, mémoire et disque dur sont intégrés dans un boîtier qui sert de palm top et de clavier. L’écoute du son est fournie par un walkman ou par un composant inséré dans l’oreille. Les commandes sont saisies par reconnaissance vocale ou clavier. Les diverses parties de l’équipement communiquent par ondes à courte portée.

Certaines recherches visent à équiper non seulement le vêtement, mais le corps lui-même ; il s’agit d’abord de compenser des handicaps (cécité, surdité, troubles de l’olfaction), dans un second temps de multiplier les capacités sensorielles de l’être humain en équipant son corps de capteurs plus sensibles que les capteurs naturels (cf. dossier sur la " bionique " dans " Courrier international " n° 469)

L’ensemble de l’équipement personnel est alors connecté en permanence au Web ; il reçoit et envoie messages écrits et vocaux en temps réel. L’utilisateur peut consulter les ressources utiles, recevoir des alarmes, etc : l’équipement apporte alors une assistance à la mémoire, dans la continuité des services que rend aujourd’hui l’agenda sur papier, mais en les enrichissant par l’accès à des ressources encyclopédiques et des moteurs de recherche.

Les personnes qui veulent communiquer avec l’utilisateur peuvent lui être présentées par leur " carte de visite " comportant leur photographie (enrichissement de l’identification d’appel), et l’utilisateur a ainsi le choix entre communication synchrone et asynchrone (messagerie vocale).

La montre communicante 

Samsung a fabriqué un prototype utilisant le logiciel d’analyse vocale de Conversa. Cette montre sera commercialisée en fin 2000. Il s’agit d’un téléphone cellulaire CDMA commandé par la voix.

Le prototype pèse 37 g et mesure 7 cm * 6 cm * 2 cm. L’écran LCD mesure 4 cm * 2,5 cm. Le téléphone permet 90 minutes de conversation ininterrompue.

HP annonce un partenariat avec Swatch pour développer des montres bracelets communicant sur l’Internet. Elles identifieront celui qui les porte et permettront de recevoir des services personnalisés.

Containers d'information

Les objets eux-mêmes sont munis de ressources informatiques communicantes, facilitant par exemple la " traçabilité " des biens de consommation (origine, composition chimique et fraîcheur des produits alimentaires, identification des fournisseurs ayant participé à l’élaboration d’un produit composite, etc. ;la traçabilité des produits, notamment alimentaires, répond à une exigence croissante des consommateurs et constituera un avantage compétitif pour les produits qui en bénéficieront - avantage qui se traduira soit par l’acceptation de prix plus élevés, soit par l’élimination progressive des produits non " tracés "). Des étiquettes électroniques rayonnantes d’un coût de quelques centimes permettent de les identifier, puis de trouver sur le Web les informations nécessaires (si toutefois les étiquettes ne les contiennent pas déjà).

La personne équipée qui se déplace dans un environnement d’objets communicants, reçoit les signaux émis par ces objets et les interprète (cf. recherches autour du protocole Bluetooth). Elle peut aussi recevoir les signaux émis par les équipements des autres personnes (identifier amis et relations dans une foule, etc.).

Maison communicante

Par " maison communicante ", nous entendons (1) l’appartement communicant, (2) l’immeuble communicant, avec ses fonctions collectives, (3) par extension naturelle au nomadisme, l’automobile communicante.

L’appartement communicant peut être truffé d’objets communicants aux fonctions diverses. Il est équipé d’un ordinateur central, relié au monde par des accès à haut débit (les accès ADSL et les paraboles pour satellites en sont une préfiguration) qui organise les fonctions informatiques, audiovisuelles, télécoms etc. du ménage et qui constitue le centre du réseau des objets communicants. Il peut aussi piloter le chauffage, l’éclairage, l’arrosage du jardin etc. en appliquant les consignes fournies par l’utilisateur.

Par " ordinateur ", nous ne désignons pas nécessairement ici une machine, mais un ensemble de fonctions pouvant résider sur des machines diverses, y compris sur des machines non nécessairement situées dans l’appartement mais qui fonctionnent sous le contrôle du ménage.

Télédiagnostic des équipements

Les biens d’équipement ménager, qui représentent pour un ménage un capital de l’ordre de 100 000 à 150 000 F (même ordre de grandeur que l’automobile) sont équipés de ressources communicantes. Ils peuvent signaler de façon préventive la fatigue de leurs composants et déclencher les opérations de télémaintenance ou les interventions des réparateurs sur place.

Dès lors le marché de ces équipements a changé : on n’achète plus un aspirateur, mais l’aspirateur plus un service qui garantit la maintenance de l’aspirateur, puis son remplacement lorsqu’il devient obsolète. Ce service, s’il est de qualité, assure la fidélité du consommateur et devient l’élément essentiel de la politique commerciale.

Les signaux émis par les équipements sont acheminés, par le réseau électrique ou par ondes à courte portée, vers l’ordinateur central qui assure la relation avec les fournisseurs.

Services audiovisuels

L’écran de télévision (grand écran plat ou grande image projetée sur un mur blanc) est le support d’accès à des programmes interactifs. La notion de portail universel s’élargit aux programmes télédiffusés ou interactifs et à la gestion des communications téléphoniques ou visiophoniques.

La puce des décodeurs est utilisée pour des fonctions intelligentes. Le flux TV numérique équivaut à un flux informatique ; à plus de 2 Mbit/s, l’image est de très haute qualité compte tenu des progrès de la compression (la très haute qualité est atteinte aujourd'hui avec 5 Mbit/s). Le débit est variable à la demande. L’utilisateur peut télécharger des écrans, zoomer, mémoriser son profil en fonction des ambiances parcourues, stocker localement un catalogue de séquences d’images etc.

L’ " HyperTV " introduit dans un programme audiovisuel des liens sur les images ; en cours de programme, le spectateur peut cliquer sur la veste de l’acteur, le bijou de l’actrice, et accéder à des informations.

La frontière entre l’audiovisuel et l’Internet a disparu. Les écrans audiovisuels peuvent être utilisés pour un portail touristique à haut débit, des visites d’architectures virtuelles etc..

Assistants domestiques

L’ " assistant domestique " est un concept global regroupant divers services apportant une aide aux diverses fonctions du ménage : Majordome, assistant culinaire, champignon vocal, télésurveillance, etc.

Majordome

Le " Majordome " est un personnage de synthèse qui peut être présent partout dans l’appartement, visible ou non, répondre à la voix, etc. Il apparaît notamment sur un écran à l’entrée de l’appartement. Il sait reconnaître des personnes (visage ou empreinte vocale). Il rend compte de ce qui s’est passé à la personne qui entre dans le domicile, relève et signale les messages sur le répondeur, règle la climatisation ou le chauffage. Il peut aller chercher des informations sur le Web, passer des commandes simples, prendre en charge des démarches.

Il peut commander une BAL multimédia contenant le courrier, les messages écrits et les messages sonores. Il gère et filtre les appels téléphonique en utilisant des fonctions de PABX et de localisation.

Assistant culinaire

Dans la cuisine, un assistant culinaire fonctionnant par écran tactile ou commande vocale aide à appliquer les recettes qu’il a enregistrées et à mesurer les quantités, délais de cuisson etc. Il assure la gestion de la cave à vins et des réserves dans le réfrigérateur : il passe des commandes aux fournisseurs pour réapprovisionner le ménage.

Le livre de recettes peut être complété par les " conseils du chef " (petites vidéos), couplé avec l’examen du réfrigérateur pour indiquer des menus (tri des recettes en fonction du disponible).

Champignon vocal 

Le " champignon vocal " est un petit terminal spécialisé ayant la forme d’un champignon que l’on fixe sur un mur, une table de nuit etc. Il est dédié à une information chargée par onde radio à partir de l’ordinateur central et qu’il délivre par synthèse vocale lorsqu’on lui appuie dessus.

Un champignon situé près du placard à vêtements donne les prévisions météo de la journée, téléchargées par l’ordinateur central depuis l’Internet, puis chargées sur le champignon. D’autres champignons peuvent donner l’horoscope du jour, un bulletin d’information, des cours de bourse, la valeur instantanée du portefeuille familial, etc.

Télésurveillance

L’équipement du logement permet de multiplier les mesures et d’alimenter les centrales d’alarmes en données nombreuses, ce qui réduit le nombre des fausses alarmes et accroît l’efficacité de la télésurveillance.

Espaces de jeu

Les programmes de jeu peuvent être mis en relation avec des applications interactives sur le réseau.

La " Pluche communicante " s’adresse aux petits. On peut recharger sur ces pluches de nouveaux répertoires via le réseau.

Les jeux interactifs contribuent à supprimer la frontière entre le Web et l’audiovisuel interactif. Des groupes d’affinités multijoueurs se retrouvent plusieurs heures chaque soir sur le réseau. On trouve des jeux de type " donjon et dragon ", des jeux de guerre, des simulations de combat aérien, des jeux culturels ou cérébraux etc.

Santé et forme

L’assistant culinaire contribue à la diététique en utilisant les informations provenant de la balance.

Le vélo d’appartement, équipé pour la mesure cardiologique et la surveillance de la consommation de calories, fournit des données qui alimentent un suivi de santé permanent.

Les équipements de sport à la maison sont dotés de fonctions intelligentes facilitant leur utilisation optimale et permettant la réutilisation des données observées à des fins de santé.

Immeuble, automobile

Des services communicants collectifs peuvent être définis au niveau d’un immeuble, qui est en fait un gros paquebot très professionnel (chaufferies, ascenseurs, parkings, réseaux d’immeuble - eau, gaz, électricité, téléphone - , alarmes, nettoyage et petit entretien, contrôle d’accès et surveillance, télémaintenance des équipements, etc.).

L’automobile est équipée d’un système de cartographie communicant qui détermine l’itinéraire selon le trafic et les encombrements du jour et guide le conducteur. Elle peut aussi lire l’agenda de l’utilisateur et l’interpréter pour lui proposer sa destination(cf. Carminat).

Quels changements par rapport à aujourd’hui ?

Dans le scénario que nous venons d’esquisser, rien ne dépasse les possibilités de la technique actuelle. Les protocoles de communication entre objets existent (cf. Jini), ainsi que les systèmes de cartographie embarquée mise à jour permettant de guider un conducteur etc.

Ce qui est nouveau, c’est une intégration des applications permettant de supprimer les ressaisies en mettant à jour automatiquement les ressources à partir d’une saisie initiale ; c’est aussi un filtrage sélectif permettant de trier sur le Web l’utile et l’accessoire pour limiter le débit reçu ou subi par l’utilisateur.

L’utilisateur ne dispose plus comme aujourd’hui de plusieurs ordinateurs (un au bureau, un au domicile, un palm top, un ordinateur portable, et en outre un téléphone filaire et un téléphone portable) entre lesquels il doit faire des recopies pour les mises à jour : il dispose d’une ressource informatique globale, localisée sur des serveurs dont l’emplacement est indifférent et entre lesquels traitements et données se répartissent selon un protocole du type " multiordinateur ".

Il accède à cette ressource par des interfaces diverses sans que cela altère l’unité de celle-ci. A la fois informatique et téléphonique, cette ressource gère les messageries écrites et vocales, garde si besoin est mémoire des communications vocales ou des conversations, etc. Elle est connectée en permanence au Web sur lequel elle réalise des missions de recherche et de tri.

L’utilisateur peut être ainsi assisté ou éclairé dans toutes ses actions : la logique de l’assisté par ordinateur se déploie dans toutes ses implications. L’offre est commode, pratique, une haute complexité technique sous jacente étant masquée par la facilité de l’usage.

Cette évolution, d’ores et déjà prévisible, comporte des risques :

1) risque de dépendance de l’utilisateur envers un système qui l’assiste en permanence : un nouveau savoir-vivre, une nouvelle hygiène, sont ici nécessaires. De même qu’il est déconseillé aujourd’hui de regarder la télévision sans discontinuer, quel que soit l’agrément que l’on trouve au spectacle audiovisuel, il sera déconseillé demain d’utiliser en permanence l’assistance procurée par les équipements téléinformatiques. Il faudra savoir se débrancher, ou ne se brancher que pendant quelques heures par jour, et utiliser les ressources de la communication asynchrone.

2) par ailleurs un système qui permet de recevoir à tout moment, en temps réel, alarmes, messages et communications écrites ou vocales, qui permet à d’autres personnes de vous localiser, qui peut à tout moment accéder à des ressources (images, données, textes, sons, jeux), peut être oppressant. Il doit donc comporter divers niveaux de veille, de l’arrêt total à l’ouverture totale, en passant par le blocage sélectif à niveau variable des communications laissant passer certaines alarmes, ou les alarmes et certains messages, etc.

3) la part importante de l’automatisation dans l’environnement de l’utilisateur a pour corollaire un besoin de contrôle des automates, car personne ne peut entièrement faire confiance à des automatismes pour sa vie courante. La communication entre automates, les actions qu’ils déclenchent doivent pouvoir être traçables et contrôlables ; l’utilisateur doit disposer d’interfaces commodes pour paramétrer les automates ; ces interfaces doivent être assez sécurisées pour lui éviter les fausses manœuvres. La protection de la vie privée suppose que les automates communicants soient protégés par des pare feux contre toute tentative d’indiscrétion.

4) le monde dans lequel vit l’utilisateur est différent de celui que nous expérimentons aujourd’hui : les appareils sont plus discrets, les fonctionnalités sont omniprésentes. Une telle évolution peut demander du temps et susciter des réactions de rejet comme l’ont fait en d’autres temps le téléphone, l’ordinateur, le minitel, voire les équipements électroménagers (machine à laver, aspirateur, etc.). La chronologie de l’évolution (ne pas accabler les utilisateurs par un grand nombre d’innovations simultanées) sera un élément marketing important.

Plausibilité du scénario

La possibilité technique concernant les équipements et les logiciels ne fait pas de doute. Cependant ces équipements ne constituent qu’une interface et leur pleine efficacité dépend de l’offre de services et plates-formes d’exploitation sur le réseau : la commodité des messageries, la personnalisation des alarmes et des recherches documentaires sur le Web, l’administration des modes d’accès, la richesse des téléservices supposent des investissements nouveaux et l’évolution des services actuels.

Il est vraisemblable que dans quelques années les objets communicants prendront une place prépondérante dans la communication ; PC portable, radiotéléphone et palm top seront passés de mode, au bénéfice d’un équipement qui en fusionnera les fonctionnalité. L’utilisateur exigera la mise à jour en temps réel de la ressource qu’il utilise selon des protocoles transparents ; il ne supportera plus les ressaisies (il ne voudra plus ressaisir sur son ordinateur des informations déjà marquées sur son agenda, ni programmer sa destination sur son automobile).

Téléservices

Le scénario esquissé ci-dessus modifiera le marché des téléservices, car ce marché a été exploré jusqu’ici dans le contexte d’une utilisation plus étroite (téléphonie et informatique séparées, équipements terminaux contraints par les possibilités techniques actuelles, débits bas ou moyens, tarifs élevés, etc.)

Le marché des téléservices doit donc être réévalué. Voici quelques indications sur ceux qui paraissent devoir être touchés de la façon la plus significative, en identifiant à chaque fois les intervenants potentiels :

Télémédecine

Porter sur soi un équipement capable de communiquer en permanence permet de traiter certains problèmes difficiles : surveillance à distance des personnes atteintes de maladie cardiovasculaires (cf. Cardiatel), des hypertendus, des diabétiques, des grossesses à risques, des patients atteints de sida ou de cancer, etc.

Les intervenants possibles sont la sécurité sociale, le Ministère de la Santé, l’assistance publique, les laboratoires pharmaceutiques, les compagnies d’assurance, etc.

Téléenseignement, téléformation

L’accès aux ressources de téléenseignement ou de téléformation sera plus aisé : maintien des compétences, assistance après formation, révisions, contrôle des connaissances, tests, etc.

Les intervenants possibles sont l’AFPA, le CNAM, le CNED, l’université, le ministère de l’éducation nationale, etc.

Télésurveillance

Le marché de la télésurveillance est déjà structuré (centrales d’alarme, centres de télésurveillance, communication son - images - données utilisant le plus souvent Numéris). Le diagnostic sur la pertinence des alarmes, talon d’Achille de cette activité (car les fausses alarmes sont très nombreuses et très coûteuses), peut être amélioré en utilisant les signaux émis par les objets communicants équipant le logement.

De même, les objets communicants peuvent enrichir les performances des systèmes permettant de " tracer " des objets de valeur (automobiles, bijoux, meubles et documents précieux, etc.).

Les intervenants possibles sont ici les entreprises de télésurveillance et de sécurité, les compagnies d’assurance, la police.

Ecologie

Le service de calcul d’itinéraire peut être élargi vers le choix du mode de transport en intégrant les informations sur les transports en commun (la voiture peut dire à l’utilisateur " tu ferais mieux de prendre le métro, ça ne roule pas à cette heure ci ", " vas-y en vélo, ce sera commode et il fait beau ", ou encore " cela te ferait du bien d’y aller à pied "). L’optimisation des parcours permet une économie d’énergie et une baisse de la pollution due au transport.

Par ailleurs, l’équipement du logement permet d’économiser de l’énergie (chauffage, éclairage) et de l’eau (arrosage des jardins potagers).

Les intervenants possibles sont ici le ministère de l’environnement, EDF, les sociétés pétrolières, les entreprises de transports en commun, la météorologie nationale, les constructeurs automobiles, la police.

Commerce électronique

L’utilisateur est placé, s’il le souhaite, dans un magasin virtuel où il peut trouver des produits, effectuer des transactions, déclencher des livraisons. Le commerce électronique peut se généraliser à tous les types de commerce.

La monétique est elle aussi modifiée : l’utilisateur dispose de l’équivalent d’une carte rayonnante ; cela lui permet de faire des paiements sécurisés sans sortir de carte de sa poche (mais il doit sans doute authentifier un code).

Les intervenants possibles sont ici les entreprises de commerce électronique (c’est-à-dire à l’échéance tous les distributeurs), les banques, les exploitants de systèmes à carte.

Culture, tourisme

La visite des musées et expositions est accompagnée par l’accès contextuel à une documentation sonore, textuelle et iconographique ; la visite d’un monument est complétée par l’examen de ses détails ou de sa reconstitution dans l’espace virtuel ; les spectacles sont annoncés selon les procédés du commerce électronique ; les ressources touristiques d’un lieu sont consultables pour le touriste qui le traverse.

Les intervenants possibles sont ici les collectivités territoriales, les ministères de la culture et du tourisme, les sponsors des manifestations culturelles.

Justice

Le contrôle de la localisation des personnes étant plus facile et plus fiable, il sera possible de substituer à certaines peines de prison l’interdiction de quitter une zone géographique donnée. Les inconvénients de la prison sont ainsi évités (" école du crime ", rupture des relations familiales et professionnelles rendant la réinsertion problématique), les magistrats et policiers pouvant limiter les déplacements des personnes concernées et contrôler leurs activités ainsi que leurs communications.

Les intervenants possibles sont ici le ministère de la justice et la police.