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Pierre Faurre

17 février 2001

Pierre Faurre est décédé le 6 février. Cette nouvelle m'a fait beaucoup de peine.

Pierre était le major de ma promotion de l'X (X60). C'était le garçon le plus gentil, le plus modeste, le plus serviable qui soit. Son visage ne montrait aucun signe d'intelligence, et son regard noyé derrière d'épais verres d'hypermétrope semblait éternellement distrait ; mais cette impression s'effaçait dès qu'il parlait, dans un français limpide, avec le vocabulaire précis et pur de La Fontaine ou de Racine. Il avait l'esprit très clair ; on aurait dit que ses idées étaient bien classées et qu'il n'avait qu'à ouvrir un tiroir pour les trouver toutes prêtes à être communiquées. 

Nous le savions disponible mais, par respect, nous hésitions à le déranger. Lorsque nous nous y résolvions la réponse à nos questions venait, toujours aimable, obligeante, précise, accompagnée d'un bon sourire amical. Les chercheurs qui ont travaillé avec lui ont fait la même expérience. 

Il n'a pas apprécié le chahut monstre par lequel nous avons reçu les saint-cyriens en 1962. Je le revois traverser la cour, portant le drapeau de l'École, et trébucher sur un "tétraèdre" qui avait servi de bombe à eau. Il nous a bien engueulés, mais nous ne lui en avons pas voulu.

Certains de ses collaborateurs à la SAGEM m'ont parlé de lui en ces termes : "Nous le voyons peu souvent parce qu'il a des occupations très diverses. Il nous reçoit quand nous avons des problèmes. Il nous écoute posément, puis il nous répond par une décision. Nous comprenons ensuite que sa décision est la bonne." Que demander de plus, et de mieux, à un dirigeant ?

Des dirigeants de cette sorte, nous n'en avons pas de trop en France. Ce n'est donc pas seulement le camarade que je regrette en Pierre Faurre, ni l'ami, mais l'entrepreneur et le citoyen.