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A propos de :

Christian Sautter

15 novembre 1999

Dans mon échelle de valeurs, Christian Sautter est plus haut que Dominique Strauss-Kahn. Je suis choqué par les journalistes qui le disent terne, effacé, sans relief, etc. C'est quelqu'un de solide et de constructif. Mais ne nous fâchons pas : il est naturel après tout que les médias préfèrent le sensationnel au sérieux.

Sautter et moi sommes de la promotion 60 de l'X, promotion de contestataires : c'était l'époque de la guerre d'Algérie, elle mettait tout le monde mal à l'aise. Sautter avait été en 1958 révolté par l'affaire de Sakiet-Sidi-Youssef, je l'ai été le 17 octobre 1961 par le massacre des Algériens à Paris. Nous nous sommes retrouvés ensuite à l'INSEE. Lorsque l'on nous a invités en 1963 à prêter serment comme administrateurs, Sautter a expliqué au magistrat scandalisé que nous avions tous, en bloc, décidé de ne pas prêter serment ; après quoi ce serment a été supprimé.

Sautter s'est intéressé à l'économie japonaise avant que ce soit un sujet à la mode, et il a publié des études solides. Nous nous sommes retrouvés en 1972 au département "Entreprise" de l'INSEE, lui chef de la division des études, moi chef de la division statistique. Il a dirigé la "fresque historique du système productif", l'un des travaux intéressants publiés à l'époque. Il était affable, curieux de tout et sans prétention.

En 1974, il est entré au PS, moi au PCF. Peut-être a-t-il voulu lui aussi réagir contre l'élection de Giscard d'Estaing. J'aurais pu, à l'époque, entrer au PS : mais l'eurocommunisme était plein de promesses qui n'ont pas été tenues. Sautter a acquis au PS une expérience politique estimable, quoi qu'en disent les journalistes.

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Revenons à la promotion X 60. J'ignore si c'est lié à notre anticonformisme de chahuteurs et de rouspéteurs, mais cette promotion a aujourd'hui sa place dans l'économie française : Pierre Faurre, major efficace et modeste, à la Sagem ; Jean-Louis Beffa à Saint-Gobain ; Jean-René Fourtou à Rhône-Poulenc ; Bertrand Collomb à Lafarge ; Yves Michot à l'Aérospatiale ; Alain Bensoussan au CNES ; André-Claude Lacoste à la sûreté nucléaire ; Emile Zuccarelli à la fonction publique ; Christian Sautter à l'économie et aux finances, etc. Ceux qui sont passés par l'X entre 1960 et 1962, époque d'internat militaire strict en raison du contexte politique (mais nous faisions souvent le mur) ont en commun, je crois, une certaine ironie envers le prétendu sérieux des institutions. Il est intéressant qu'ils aient constitué une pépinière de dirigeants. Dans le domaine de la pensée, on peut citer Alain Desrosières à l'INSEE et le philosophe Jean-Pierre Dupuy.