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Marre de l'anglais !

7 décembre 2008

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Pour lire un peu plus :

-
Notre langue maternelle
-
Le ridicule des traîtres
- Anglicismes
Je ne sais pas si beaucoup de gens ressentent la même irritation que moi mais comme vraiment ça déborde, et qu'après tout volle.com est fait pour publier ce que je pense, eh bien je vais dire ici ce qui m'irrite le plus.

J'en ai marre de l'anglais ! Entendons-nous bien. Je me délecte à lire les bons auteurs anglais et américains, je n'ai pas marre de lire de bons livres d'informatique, de bons articles du New York Times, de Computer etc. - et je lis sans doute, pour des raisons professionnelles, plus d'anglais que de français.

Mais j'ai marre de de ces conférences où l'orateur invité, américain, parle en mauvais anglais à toute vitesse avec un accent impénétrable ; et plus marre encore de ses auditeurs qui, pour se plier à la mode, font semblant de comprendre ce charabia.

J'ai marre de ces gens de Bruxelles qui, alors qu'ils sont parfaitement francophones, croient quand ils m'écrivent devoir le faire en anglais.

J'ai marre de ces magasins parisiens qui arborent des enseignes en anglais, de ces publicités en anglais qui souillent nos stations de métro, de ces films qui arborent des titres en anglais, de ces chanteurs qui croient nécessaire d'articuler, avec leur bouche, des sons qui ressemblent à de l'anglais.

Les enseignes en chinois, hindi, italien, espagnol etc. me font plaisir au contraire : elles répondent à une nécessité, à un style, et ne reflètent pas la soumission à un colonialisme sournois.

Je parle volontiers anglais en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis car il est poli de parler la langue des indigènes. Mais je me refuse à faire en France une conférence en anglais : j'estime impoli d'infliger à des Français le mauvais anglais que parlent les gens qui n'ont pas eu l'anglais pour langue maternelle, ce pidgin qui est d'ailleurs une insulte à la langue anglaise.

*     *

Je sens bien ce qui se camoufle derrière ces camouflets : c'est de la méchanceté, du mépris envers le Français moyen. Il s'agit de le convaincre qu'il n'est qu'un plouc, qu'un attardé et que seuls sont dans le coup les malins qui parlent ou font semblant de parler l'anglais. Derrière l'usage intempérant de l'anglais, derrière la trahison, se manifeste la haine de soi.

Comme il convient de répondre au mépris par le mépris je résiste instinctivement. Je suis incapable d'entrer dans un magasin dont l'enseigne est en anglais - sauf, bien sûr, s'il s'agit d'une entreprise britannique ou américaine [1] - , incapable d'acheter un produit français dont la publicité est en anglais, incapable de regarder un film dont le titre est en anglais - car même si le film est d'origine américaine, traduire son titre serait la moindre des politesses [2].

Je vous invite, si vous en avez marre vous aussi, à boycotter ces magasins, ces produits et ces films : si nous sommes assez nombreux à réagir de la sorte, les commerciaux et les gens du marketing finiront par comprendre qu'il vaut mieux parler français aux Français. Je vous invite aussi, dans vos entreprises, à exiger que les réunions, les conférences se tiennent en français - ou à tout le moins, si l'orateur ne peut parler qu'en anglais, qu'il le fasse clairement !

*     *

Bien parler une langue, bien l'écrire, demande un long apprentissage même pour la langue maternelle. Le colonialisme de l'anglais auquel nous nous soumettons fait perdre à la langue anglaise sa subtilité, sa richesse, ses nuances.

Exiger que l'on parle français dans les entreprises françaises, lutter contre la mode ridicule de l'anglais, ce n'est pas faire preuve d'un nationalisme étroit : c'est faire en sorte que tout le monde puisse comprendre quand on se parle, c'est donc défendre la démocratie. C'est enfin rendre le meilleur service qui soit à la langue anglaise elle-même qui, ni plus ni moins que la langue française, mérite le respect.

_______________

[1] Encore faut-il qu'ils soient convenables : quelques expériences m'ont dégoûté des McDonald.

[2] Même si le titre est traduit j'hésite à aller voir un film américain parce que beaucoup de leurs scénarios sont écrits en série à partir de quelques éléments standards qu'ils répètent à satiété :
- deux policiers en équipe (1) bons amis ou (2) qui ne peuvent pas se souffrir ;
- meurtre, bien saignant ;
- bagarre, bien brutale ;
- poursuite en voiture avec force carambolages ;
- scène d'"amour" agitée, Madame criant, Monsieur grognant ;
- cascades, effets spéciaux etc. ;
- en bouquet final : tirs, avec grande consommation de munitions et d'hémoglobine...
La barbe !