RECHERCHE :
Bienvenue sur le site de Michel VOLLE
Powered by picosearch  


Vous êtes libre de copier, distribuer et/ou modifier les documents de ce site, à la seule condition de citer la source.
 GNU Free Documentation License.


Effets économiques des TIC : comparaison internationale

30 septembre 2004


Liens utiles

- Le moteur à quatre temps de l'entreprise innovante
- Qu'est-ce qu'une entreprise?
- Modèle de Ricardo
- Loi de Moore


Résumé 

Cette série  vise à modéliser les conséquences de la répartition géographique des TIC, en visant particulièrement le déséquilibre entre l’Europe et les Etats-Unis. Il ne s'agit donc pas ici d'examiner les causes de cette répartition.

Dans une première étape, le raisonnement conduit à la conclusion classique : « Comme les échanges permettent de transférer les gains d'efficacité d'un pays à l'autre, peu importe que l'Europe n'innove pas dans les TIC puisqu’elle tire parti des innovations américaines ».

Cependant ce résultat est incomplet. En effet les produits des TIC ne sont pas, pour l’essentiel, des biens de consommation mais des biens intermédiaires utilisés par les entreprises qui produisent les biens de consommation. La comparaison entre divers pays doit donc tenir compte non seulement de la spécialisation dans la production des TIC, mais aussi du savoir-faire de leurs utilisateurs. Or le pays le plus avancé dans leur conception sera aussi naturellement, toutes choses égales d’ailleurs, le plus habile dans leur utilisation.

Si l'on prend en compte le savoir-faire des utilisateurs, on obtient des conclusions nouvelles. Le retard des entreprises européennes dans l'utilisation des TIC peut entraîner un appauvrissement relatif de l'Europe, et même - sous certaines conditions - un appauvrissement absolu.

 

*  *

Pour explorer les conséquences du quasi-monopole de facto des Etats-Unis dans les TIC[1], nous cherchons à instruire la question suivante :


Lorsque l’innovation se propage, par le biais de l’échange, depuis un pays innovant vers un autre pays, quels sont les avantages que ces deux pays en retirent ?
 

Pour la traiter nous utiliserons le modèle de Ricardo[2], qui permet de comparer la richesse de pays utilisant des technologies différentes, en l’adaptant au cas où un pays produit les TIC utilisées par d’autres pays. Les propriétés de ce modèle sont rappelées en annexe.

Il s’agit ici de statique comparative ; il faut compléter cette approche pour rendre compte de la dynamique de l’innovation.

*  *

On peut représenter l’effet des TIC sur l’économie selon un modèle à trois couches :

1) A la source se trouvent les technologies fondamentales, qui recouvrent d’une part  la maîtrise des propriétés physiques et procédés d’ingénierie qui fondent la production des microprocesseurs et mémoires[3], d’autre part les systèmes d’exploitation, langages et outils de programmation[4]. Ces deux sous-ensembles sont reliés entre eux (on n’utilise pas le même langage de programmation selon la nature des ressources physiques disponibles)[5].

2) En aval de cette source se trouvent les équipements qui mettent en œuvre les technologies fondamentales (ordinateurs[6], réseaux[7], équipements périphériques etc.) ainsi que les logiciels et progiciels applicatifs qui permettent de diversifier les utilisations. 

3) En aval des équipements et logiciels, on trouve leur mise en œuvre par les entreprises, associée à la maîtrise des processus de production, à la redéfinition de la relation avec les clients, fournisseurs et partenaires, ainsi que leur adaptation à des formes spécifiques de concurrence et d’équilibre des marchés.

Pour étudier les effets des TIC sur l’économie, on doit tracer une frontière entre ce qui sera appelé « TIC » et ce qui sera appelé « reste de l’économie ». On peut la placer de deux manières : la plus courante consiste à considérer que les ordinateurs, réseaux et logiciels utilisant les technologies fondamentales relèvent des TIC, et que la frontière se situe au niveau B dans le graphique ci-dessus. Ce choix correspond à une évidence pratique : personne ne nie que les ordinateurs, commutateurs etc. ne soient des représentants éminents des TIC.

Cependant leur évolution résulte, pour l’essentiel, des progrès des technologies fondamentales ; par exemple l’évolution exponentielle des performances des microprocesseurs et mémoires dont la « loi de Moore » rend compte[8] est déterminante pour l’évolution des performances des ordinateurs. Si l’on souhaite isoler la source de l’évolution, qui réside dans les technologies fondamentales, il faut placer la frontière au niveau A. C’est ce que nous ferons ici.

Le flux d’innovation provenant des TIC est continu et durable : depuis 1959, la densité des circuits intégrés, composants essentiels des ordinateurs, double tous les 18 mois sans augmentation du coût (Loi de Moore) ; il en résulte à performance égale une baisse de prix rapide des ordinateurs  Par ailleurs les progrès des langages de programmation ont permis depuis 1950 un gain de productivité régulier de 4 % par an ; cette évolution, plus lente que celle du coût du matériel, s’accélère avec les langages orientés objet.

De cette évolution de l’offre résulte, pour les entreprises, un changement rapide, continu et profond des services qu’elles utilisent tant pour leur fonctionnement interne (avec ce que l’on regroupe sous le nom d’Intranet : messagerie, agenda partagé, workflow, documentation électronique, rédaction coopérative etc.) que pour leur activité commerciale (Extranet, « e-commerce » etc.) et les relations avec leurs partenaires.
 


*  *

Une logique spécifique

Dans la couche finale, celle des utilisations, il s’agit de tirer le meilleur parti des évolutions permises par les ordinateurs, réseaux etc. ; dans la couche intermédiaire des logiciels et équipements, il s’agit de tirer le meilleur parti des ressources offertes par les technologies fondamentales[10]. Si chacune de ces deux couches obéit à une logique propre, le moteur de leur évolution se trouve en amont, dans la couche initiale des technologies fondamentales.

Or il ne s’agit pas dans cette couche initiale d’utiliser des ressources produites encore en amont, mais de créer des ressources nouvelles par le progrès de la maîtrise des propriétés physiques du silicium, ainsi que des conditions mentales de production et d’utilisation des langages informatiques, le terme « mental » recouvrant ici l’ensemble des dimensions intellectuelles, psychologiques et sociologiques que comporte la mise au point des commandes de l’automate.

Ainsi, alors que les deux autres couches doivent résoudre un problème économique (il s’agit de faire au mieux avec les ressources dont elles disposent), la couche initiale considère la nature elle-même, sous les deux aspects de la physique du silicium et de la « matière grise » des êtres humains dont elle vise à faire fructifier la synergie.

Élargir, par des procédés de mieux en mieux conçus, les ressources que fournit la nature, c’est une tâche analogue à la découverte puis à l’exploration progressive d’un continent que des pionniers transformeraient et équiperaient pour lui faire produire des biens utiles. Or découvrir un continent, puis l’explorer pour le mettre en exploitation, c’est modifier les prémisses de l’action économiques : tout raisonnement économique est en effet fondé sur des exogènes (technologies, ressources naturelles, fonctions d’utilité, dotations initiales) dont il tire les conséquences et élucide les conditions d'utilisation optimale, mais il n’est pas de sa compétence d’expliquer leur origine. Si la recherche du profit n’est pas pour rien dans l’ardeur des pionniers ni dans celle des chercheurs, elle se dépenserait en pure perte si elle ne disposait pas d'une ressource naturelle fertile (ici le silicium, la « matière grise » et leur synergie).

On rencontre donc dans les technologies fondamentales un phénomène qui n’est pas essentiellement économique même s’il a des conséquences économiques : un changement du rapport entre les êtres humains et la nature. L’innovation qui se déverse dans l’économie à partir des technologies fondamentales est analogue à un phénomène naturel, donc extérieur à l’action humaine qu’il conditionne comme le font le climat, la reproduction des êtres vivants, les gisements légués par l’histoire géologique de la Terre etc[11]. Il existe ainsi entre la couche initiale et les deux autres couches une différence essentielle. C’est pourquoi nous plaçons la frontière des TIC au niveau A du graphique.

Est-ce à dire que l’économie n’a rien à voir avec les TIC ? Non, car elle doit résoudre les problèmes que pose leur utilisation : les exogènes étant modifiées, comment « faire au mieux avec ce que l’on a », et qui est nouveau ? Comment faire évoluer des institutions qui, bien adaptées aux exogènes d’autrefois, ne sont pas nécessairement aux exogènes nouvelles ?

La tâche de l’économiste n’est pas facile ; jugeons en par les changements que doivent réaliser les entreprises[12] : modifier les processus et conditions de travail des opérationnels ; adapter les périmètres des directions, les missions et espaces de légitimité des dirigeants, les indicateurs de pilotage ; outiller et faire évoluer les relations avec les clients, partenaires et fournisseurs.

Devions nous conserver la distinction entre les deux autres couches, ou encore distinguer les utilisations des TIC par les entreprises de leurs utilisations par les ménages ? Nous avons choisi de ne pas le faire ici, car il est plus simple pour notre propos, et donc plus clair, de regrouper toutes les autres activités productrices (y compris la production d’ordinateurs etc.) dans un seul secteur dont le rôle est de fournir des biens utiles aux consommateurs.

Dans le modèle, et pour qu’il soit aussi simple que possible, nous nommerons « TIC » la couche des technologies fondamentales, et « secteur des biens de consommation » le reste de l’économie : la production de biens d’équipement est une étape intermédiaire, sa finalité étant de produire les biens qui contribueront à l’utilité du consommateur final.

*  *

Modélisation


Les éléments mathématiques du modèle sont fournis dans les deux fiches suivantes

Modélisation de l'économie des TIC

Échanges entre "grand" pays et "petit" pays

Elles s'appuient sur des éléments techniques qui figurent dans deux autres fiches :

Modèle de Ricardo

Indices de prix et de volume
 

*  *

Conclusions pratiques

Considérons les trois hypothèses suivantes :

A - le commerce a lieu entre deux pays dont l'un est plus grand que l'autre dans tous les secteurs ;

B - l'une des activités est la production des TIC et le petit pays est relativement moins efficace que le grand pays dans cette activité-là ;

C - les TIC sont une consommation intermédiaire pour l’autre secteur, qui produit le bien de consommation.

"A" entraîne que les prix relatifs du grand pays s'imposent dans les échanges. Le petit pays se spécialise entièrement dans l'activité pour lui la plus efficace, alors que le grand pays ne connaît qu'une spécialisation partielle et produit donc dans les deux secteurs.

"B" entraîne que le petit pays abandonne la production des TIC au grand pays.

Ces hypothèses correspondent à la relation entre l'Europe et les Etats-Unis : les Etats-Unis produisent la quasi-totalité des TIC (circuits intégrés, systèmes d’exploitation et langages) et sont présents également dans les activités utilisatrices ; par contre l'Europe est spécialisée dans ces dernières.

Si l'on accepte ces hypothèses, voici ce qui se passe quand l'efficacité de la production des TIC augmente : (1) le prix relatif des TIC diminue, ce qui accroît l'utilité des deux pays ; (2) l'efficacité des entreprises utilisatrices des TIC (et productrices de biens de consommation) augmente ; (3) l'utilité croît également dans les deux pays, sauf s'il existe un écart entre eux en ce qui concerne l'efficacité des entreprises utilisatrices.

En effet, si l'efficacité du secteur produisant les biens de consommation croît dans le grand pays mais non dans le petit pays, il peut en résulter pour ce dernier une baisse de l’utilité car le prix relatif de sa production diminue (le prix relatif qui s'impose au niveau mondial étant celui du grand pays).

Donc si les entreprises européennes sont moins rapides que les entreprises américaines dans l'utilisation des TIC, l'efficacité des entreprises américaines croît plus que celle des entreprises européennes, ce qui entraîne pour l’Europe un appauvrissement au mieux relatif, au pire absolu. Le secret de l’efficacité ne réside pas dans le fait qu’un pays produise ou non les TIC, mais dans le fait qu’il sache bien s'en servir.

Or le retard des entreprises européennes par rapport aux entreprises américaines dans l'utilisation des TIC se situe dans une fourchette de trois à sept ans.

*  *

Le pays qui produit les TIC ne possède-t-il pas un avantage comparatif dans l'art de leur utilisation ? Le bon sens, recoupé par les statistiques, incite à répondre « oui » : si les TIC suscitent une redéfinition de l'organisation des entreprises[13], des compétences, du commerce, ainsi qu’une prise en compte de leurs conséquences pour la société[14], leur pleine utilisation suppose une réflexion et une compréhension qui seront plus faciles pour des personnes ou des entreprises culturellement et géographiquement proches de la source des TIC.

Peut-on en effet être bon utilisateur sans être aussi, dans une certaine mesure, bon concepteur ? Au niveau des individus, concevoir et utiliser supposent des savoir-faire différents, les deux capacités sont donc disjointes. Mais au niveau d’un pays, d’une économie géographiquement située et délimitée, c’est une autre affaire.

Pour être un bon utilisateur, il faut connaître les produits utilisés - la formation d’une demande pertinente suppose, outre la conscience du besoin, une connaissance suffisante de l’offre. Or les produits des TIC sont complexes et leur connaissance demande une compétence. Comprendre ce que sont pratiquement un langage orienté objet (Smalltalk, C++, Java etc.), un « workflow », un « datawarehouse », quelles sont les fonctionnalités d’un outil de « middleware » conforme à la norme Corba[15] ; faire le tour des utilisations potentielles de XML[16], maîtriser la modélisation UML[17], vérifier la pérennité des fournisseurs et la disponibilité d’une tierce maintenance de qualité, ce n’est pas simple.

En outre tout change vite dans les TIC et des normes de facto s’imposent malgré les normes de jure ; l’utilisateur n’agit plus selon la chronologie paisible de la planification, mais selon celle délicate et nerveuse du pilotage. Il doit savoir détecter la bonne solution dans la cacophonie des offres commerciales, ne pas être dupe de la mode et en même temps former les personnels, modifier la relation avec les clients, réformer les organisations, faire percevoir les enjeux à des dirigeants qui ont d’autres soucis etc.

L’utilisation des TIC est un métier ; pour bien l’exercer il faut être un connaisseur[18]. Le bon utilisateur est au concepteur ce que le connaisseur est à l’artiste : il lui faut beaucoup de pénétration, la familiarité avec les concepteurs et une bonne compréhension de leur façon de faire. Il lui faut aussi la même prise de distance par rapport à la conception car tout connaisseur a besoin de recul pour évaluer les offres concurrentes.

*  *

On entend parfois dire : « Peu importe que les TIC soient produites aux Etats-Unis ou en Europe, puisqu’en définitive l’Europe bénéficie du gain d’efficacité qu’elles apportent ». Cette proposition serait exacte si l’on suppose l’utilisation des TIC aussi efficace en Europe qu’aux Etats-Unis ; mais elle peut nourrir des illusions si l’utilisation des TIC est plus efficace[19] dans le pays qui les produit.

Ajoutons que notre modèle, qui considère les effets de long terme, ne formalise pas la dynamique de court terme et les surprofits qu’elle comporte ; mais dans l’économie réelle les profits ont bien sûr une grande importance. Le pays qui innove le premier sera le mieux placé pour bénéficier du profit qui en résulte. Il accumule ainsi une richesse - trésorerie des entreprises, patrimoine des actionnaires - qui améliore sa position dans la répartition mondiale des actifs, et lui permettra s’il le souhaite d’acheter les entreprises des autres pays.

La proximité culturelle, géographique, le voisinage familier avec les concepteurs favorisent la qualité de l’utilisation. Les entreprises américaines utilisatrices des TIC bénéficient donc par rapport aux entreprises européennes d’un avantage qui, en raison de son effet sur les prix, appauvrit l’Europe relativement si ce n’est absolument.

Le handicap de l’Europe ne peut se compenser que si elle s’efforce d’accroître son efficacité dans l’utilisation des TIC, et si elle accroît assez son efficacité dans leur production pour pouvoir relancer une activité de conception, condition nécessaire, même si elle n’est pas suffisante, de l’efficacité de leur utilisation.


[1] « Technologies de l’Information et de la Communication »

[2] Le modèle de Heckscher-Ohlin (Eli Heckscher, Les effets du commerce extérieur sur la distribution du revenu, 1919, et Bertil Ohlin, Interregional and International Trade, 1933), qui décrit les conséquences des différences entre les intensités capitalistiques de divers pays utilisant les mêmes technologies, ne serait pas celui qui convient ici. Le modèle de Helpman (Elhanan Helpman, " International Trade in the Presence of Product Differenciation, Economies of Scale and Monopolistic Competition : a Chamberlin-Heckscher-Ohlin Approach " (lien) Journal of International Economics 1981), qui tire les conséquences de la diversification des produits, ne conviendrait pas non plus. Pour comparer des pays utilisant des technologies différentes, c’est le modèle de Ricardo qui s’impose. Il a en outre l’avantage de la simplicité. 

[3] Michael S. Malone, The Microprocessor, a Biography, Springer‑Verlag, 1995.

[4] Thomas J. Bergin et Richard G. Gibson, History of Programming Language II, Addison Wesley, 1996 ; Ravi Sethi, Programming Languages, Addison Wesley, 1996 ; Andrew Tanenbaum, Operating Systems. Design and Implementation, Prentice‑Hall, 1987.

[5] L’expression « Wintel » désigne la synergie entre les microprocesseurs d’Intel et le système d’exploitation Windows de Microsoft. Elle illustre bien cette couche qui possède d’autres représentants : les systèmes d’exploitation  Unix, Linux, MacOS etc. ; les langages de programmation  Fortran, Cobol, Prolog, Lisp, Ada, Smalltalk, C++, Java, Perl etc. ; les microprocesseurs Motorola etc.

[6] Andrew Tanenbaurn, Structured Computer Organization, Prentice‑Hall, 1984.

[7] François du Castel, Les télécommunications, X, A Descours, 1993 ; Andrew Tanenbaum, Computer Networks, Prentice‑Hall, 1989.

[8] Gordon Moore, « Cramming More Components onto Integrated Circuits », Electronics, 1965 ; Gordon Moore, « Lithography and the Future of Moore’s Law », Microlithography Symposium, 20 février 1995 ; Bob Schaller, The Origins, Nature, and Implications of « Moore’s Law », 26 septembre 1996, http://www.research.microsoft.com/users/Gray/Moore_Law.html.

[9] Emmanuel Delame, « Les bouleversements du marché de la micro‑infor­matique », INSEE Première, septembre 1995 ; Jean‑Paul Figer, Les grandes tendances de l'évolution de l'informatique 1950­2010,1996 ; Michel Volle, e-conomie, Economica 2000.

[10] Paul E. Ceruzzi, A History of Modern Computing, MIT Press 1998.

[11] Evidemment les pionniers qui explorent les possibilités nouvelles sont des êtres humains, soumis aux mêmes conditionnements que les autres ; mais ils obéissent en outre à une sociologie particulière et le résultat de leurs travaux constitue bien, pour les autres personnes, une modification du rapport avec la nature (le phénomène n’est pas sans précédent : se parler à distance, voyager dans les airs, utiliser des sources d’énergie nouvelles comme le pétrole ou l’électricité, la mémoire des textes par l’écriture, avaient déjà modifié ce rapport).

[12] Evelyne Chartier, Le re‑engineering du système d'information de l'entreprise, Economica, 1996.

[13] Thierry Breton, Le télétravail en France, Documentation Française, 1994 ; Thierry Breton, Les téléservices en France, Documentation Française, 1994 ; Philippe Penny et Michel Volle, « La téléinformatique dans l'entreprise », La Recherche, juin 1993.

[14] Godefroy Dang Nguyen, Pascal Petit, Denis Phan, « Les enjeux économiques et sociaux de la société de l'information », Communications et Stratégie n' 28, 1997 ; Pascal Petit et Luc Soete, Is a biased technological change fueling dualism ?, Cepremap, 1997.

[15] « Common Object Request Architecture »

[16] « Extensible Markup Language »

[17] « Unified Modeling Language »

[18] Andy Grove, Only the Paranoid Survive, Currency/ Doubleday, 1996 ; Nicholas Negroponte, Being Digital, Alfred A. Knopf, 1995.

[19] Ou plus précoce, ce qui revient au même lorsque le flux d’innovation est continu.