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Commentaire sur :
Imad Lahoud, Le coupable idéal, Privé, 2007

24 décembre 2008

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Pour lire un peu plus :

-
Révélation$
- La boîte noire
- La domination du monde
- Clearstream, l'enquête
- La fronde

- Clearstream : de quelle affaire parle-t-on ?

Imad Lahoud est un drôle de bonhomme mais son livre est instructif.

Un drôle de bonhomme : il ment quand ça l’arrange, manipule autrui et décrit tout cela sans la moindre gêne. Cela compose une personnalité quelque peu répugnante.

Après avoir tant menti et manipulé, il s’étonne encore qu’il existe des gens qui ne l’aiment pas ! Ainsi, dit-il, Denis Robert est devenu « l’un de ses ennemis » : mais quand on voit comment il s’y est pris pour rouler Robert dans la farine, on comprend pourquoi celui-ci ne l’aime guère.

Lahoud traite d'ailleurs Robert de haut, à tort évidemment. Ainsi il dit (p. 67) que Robert « raconte des bêtises dans ses bouquins (…) car aucun particulier ne détient de comptes chez Clearstream. » Puis il explique que c’est la banque B qui ouvre auprès de Clearstream, pour les opérations que lui fait faire M. Martin, un compte « B/Martin » auquel Martin n’aura pas accès.

Mais cela ne contredit en rien Robert ! Car il suffit que la banque B soit, moyennant rémunération, complaisante envers son client… et la proportion des saints, insensibles à la tentation, n’est sans doute pas plus élevée parmi les financiers que dans les autres professions.

*     *

Les portraits de Jean-Louis Gergorin et de Philippe Rondot sont intéressants. Gergorin, dit Lahoud, est un authentique génie mais il est habité par des obsessions que les consultants dont il s’entoure savent flatter et exploiter. Rondot est par contre un homme léger qui usurpe sa réputation de « maître espion ».

Ce n’est pas moi, dit Lahoud, qui ai truqué les listings de Clearstream pour y introduire certains noms – dont celui de Nicolas Sarkozy : les coupables, ce sont les consultants de Gergorin.

De Villepin aurait trouvé, dit-il, l’occasion de mettre un rival à terre trop belle pour pouvoir y renoncer. Et Sarkozy, par l’intermédiaire d’un de ses conseillers, aurait afin de mieux faire s’enferrer de Villepin relancé l’activisme de Gergorin alors que celui-ci avait fini par douter de l’authenticité des listings. A Machiavel, Machiavel et demi...

Lahoud donne un compte rendu précis, et qui sonne juste, de ses entretiens avec Sarkozy – entretiens dont celui-ci nie qu’ils aient jamais eu lieu.

*     *

Lire ce livre, c’est faire un voyage mental un peu écoeurant parmi les amateurs d’intrigues, de manipulations et de coups tordus. C’est voir aussi comment se nouent les rapports entre ceux qui commandent et ceux qui exécutent.

L’affaire est compliquée, Lahoud l’expose avec une louable clarté. Dit-il la vérité, toute la vérité, rien que la vérité ? Assurément non : on ne peut pas croire sur parole celui qui se décrit lui-même comme un menteur et qui semble trouver banal et naturel de mentir.

Accessoirement, le passage que Lahoud consacre à son activité professionnelle chez EADS intéressera ceux qui désirent comprendre comment fonctionne la sécurité des systèmes informatiques – domaine dans lequel Lahoud s’est taillé une réputation justifiée de professionnalisme.