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Penser le monde

15 septembre 2003


Liens utiles

- Reconstruire les valeurs

Notre pensée n’est qu’une représentation de la nature, de même qu’une photographie n’est qu’une représentation de l’objet photographié. Ceux qui exigent que la pensée soit « objective », en prenant cette expression au sens étymologique qui signifie « reproduction exacte (et complète) de l’objet considéré », lui imposent une exigence intenable : c’est comme si l’on demandait à une photographie d’être la reproduction exacte, et complète, de la chose ou de la personne qui ont été photographiées.

La pensée est-elle donc impossible ? Ceux qui voudraient qu’elle fût l’« exacte reproduction du réel » sont tentés de le dire. Mais si le photographe est adroit la photographie portera une image authentique, et même révélatrice, de l’objet qu’elle représente.

La qualité d’une photographie s’évalue selon des critères qui lui sont intrinsèques (définition, exposition, contraste etc.), mais aussi en fonction de ce que l’on veut en faire : la photographie d’une cathédrale qui convient au poète n’est pas la même que celle qui convient à l’architecte.

La démarche expérimentale – que l’on ferait mieux d’appeler « démarche hypothético-expérimentale », car avant d’expérimenter il faut avoir posé des hypothèses – permet à chacun de construire une pensée pertinente, une pensée adéquate à son action.

Monde de la nature

Monde de la pensée

Monde de l'action

Complication de la pensée

*   *

Pour comprendre une situation particulière, faire le choix des concepts pertinents, élaborer une théorie exacte, la pensée pure ne suffit pas : il faut aussi l’expérimentation, l’écoute, qu’il s’agisse de rapports avec la nature ou des êtres humains.

Durant la phase d'écoute, la grille conceptuelle de l'auditeur est mise entre parenthèses (sauf la grille propre à l'écoute elle-même) ; il accepte de faire le voyage mental qu’impliquent des constructions intellectuelles qui ne lui sont pas familières.

Il y faut de la modestie : celui qui entre dans un domaine nouveau est un « bizut » qui se fait bousculer par les experts qui l’occupent déjà, ou par les faits qui lui résistent.

Le pire ennemi, c'est la « tache aveugle » de l'intellect[1], la tentation d’éliminer des choses que l'on entend ou que l’on voit mais qui sont contrariantes. Les personnes au tempérament impérieux sont incapables d'écouter ; il leur est difficile d’accéder à la pertinence même (et surtout) si elles sont intellectuellement brillantes. Elles sont enfermées dans le piège de l’idéologie.

Piège de l'idéologie


[1] Michel Volle (1940-), e-conomie, Economica 2000 p. 234